Insee Analyses Auvergne-Rhône-AlpesHabitat et équipements en Loire et Jeune-Loire, entre équilibre global et déséquilibre local

Sandra Bouvet, Matthieu Vernet (Insee)

L’équilibre entre habitat et équipements est un enjeu important d’aménagement du territoire, car il permet de limiter les déplacements quotidiens. Cet objectif d’équilibre géographique s’inscrit dans les articles fondateurs du code de l’urbanisme. En Loire et Jeune-Loire, comme ailleurs dans la région, le temps d’accès aux équipements est très lié à la morphologie du territoire. Dans cette zone, les communes hors influence des pôles urbains sont moins éloignées des équipements que les communes de même type de la région, grâce à une densité de population supérieure. Les populations âgées, moins mobiles, y représentent souvent une part importante de la population alors qu’elles sont éloignées des équipements qui leur sont destinés. Les familles sont plus présentes dans les communes bien dotées en équipements adaptés aux parents. Enfin, les jeunes viennent s’installer à Saint-Étienne, seul pôle d’enseignement supérieur complet du territoire.

Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes
No 91
Paru le :Paru le08/01/2020
Sandra Bouvet, Matthieu Vernet (Insee)
Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes No 91- Janvier 2020

En 2015, 844 300 personnes habitent sur le territoire de « Loire et Jeune-Loire ». Cet ensemble regroupe le département de la Loire, qui représente 90 % de la population, et le territoire du schéma de cohérence territoriale (SCoT) de la Jeune-Loire situé au nord du département de la Haute-Loire. D’une grande diversité, il rassemble à la fois de grandes agglomérations denses comme Saint-Étienne et des espaces ruraux.

Au fil des années, sous l’influence de la périurbanisation, la population s’est répartie de manière différenciée sur le territoire. Ainsi, une partie des communes en périphérie du pôle stéphanois connaissent de fortes croissances démographiques, comme Saint-Just-Saint-Rambert et Saint-Jean-Bonnefonds (+ 1,1 % de croissance annuelle entre 2010 et 2015) ou Montrond-les-Bains (+ 2,0 %). C’est également le cas dans l’aire urbaine de Roanne, où la ville-centre perd des habitants (– 1,1 % par an) du fait de départs plus nombreux que les arrivées, au profit des communes environnantes qui s’étalent.

Aller vers une répartition géographique future de l’habitat plus en phase avec les commerces et services existants devient un véritable enjeu. Cet objectif d’équilibre s’inscrit dans les articles fondateurs du code de l’urbanisme (articles L101-1 et L101-2). Il vise principalement à réduire les trajets routiers contraints (domicile/travail et accès aux équipements et biens de consommation) pour limiter les émissions de gaz à effets de serre et garantir une meilleure qualité de vie.

Des temps d’accès liés à la morphologie du territoire et à l’éloignement des grands pôles

À l’image de la répartition de la population sur le territoire, l’accessibilité aux commerces et services est très inégale en Loire et Jeune-Loire (figure 1). Les équipements sont essentiellement concentrés dans les pôles urbains où ils peuvent concerner une plus large population. De plus, les axes routiers sont eux aussi organisés autour des villes, contribuant à l’augmentation des temps d’accès lorsqu’on s’en éloigne.

Figure 1La population vivant en montagne et celle des Vals d’Aix et Isable sont éloignées des équipements de la vie courante Temps d’accès au panier vie courante (en minutes)

  • Lecture : les habitants de Montrond-les-Bains mettent 2 minutes et demie en voiture pour accéder aux équipements du panier « vie courante ».
  • Sources : Insee, Recensement de la population 2015, Base permanente des équipements 2017, Métric

Ainsi, dans les grands pôles urbains du territoire, les habitants mettent en moyenne 2,3 minutes en voiture pour atteindre les équipements du (figure 2). Ce panier contient notamment des équipements tels que les boulangeries ou les commerces de détail, dont la plupart des communes sont équipées. Ce temps d’accès est plus que doublé dans les couronnes et presque triplé dans les communes hors influence des pôles urbains.

Figure 2En Loire et Jeune-Loire, comme au niveau régional, les temps d’accès aux équipements dépendent fortement du degré d’urbanisationTemps d’accès en voiture aux différents paniers selon le degré d’urbanisation des communes (en minutes)

En Loire et Jeune-Loire, comme au niveau régional, les temps d’accès aux équipements dépendent fortement du degré d’urbanisation
Degré d’urbanisation des communes Loire et Jeune-Loire Auvergne-Rhône-Alpes
Panier vie courante Panier jeunes Panier parents Panier seniors Panier vie courante Panier jeunes Panier parents Panier seniors
Grands pôles 2,3 13,6 4,3 3,7 2,2 12,8 4,5 3,7
Couronnes des grands pôles 5,3 22,5 10,4 8,4 5,0 22,6 10,6 8,4
Moyennes et petites aires 3,4 25,4 9,3 6,7 3,6 28,0 10,2 6,9
Hors influence 6,5 31,0 15,2 11,2 8,1 37,2 18,5 13,5
Ensemble 3,6 18,5 7,4 5,9 3,6 18,6 7,8 6,1
  • Sources : Insee, Recensement de la population 2015, Base permanente des équipements 2017, Métric

Sans surprise, les populations vivant en montagne sont plus souvent au-dessus du seuil national définissant l’éloignement à ce panier, fixé à 7 minutes en voiture. Certaines zones de la plaine du Forez et de la périphérie roannaise sont également éloignées des équipements de la vie courante, bien qu’elles ne soient pas situées en zone de montagne. Certaines communes de ces territoires ont, en outre, enregistré une croissance importante de leur habitat ces dernières années sous l’effet de la périurbanisation, ce qui a pu accentuer les déséquilibres géographiques entre habitat, commerces et services existants.

Des communes hors influence des villes moins éloignées en Loire et Jeune-Loire qu’en moyenne dans la région

En Loire et Jeune-Loire, le temps d’accès aux différents paniers d’équipements est très proche de la moyenne régionale. Toutefois, les territoires hors influence des villes font exception. Ces communes présentent un temps d’accès inférieur d’environ 20 % à celui des communes de même type de la région, quel que soit le panier concerné. Ce moindre éloignement s’explique par une densité de population plus forte dans ces espaces. En Loire et Jeune-Loire, la densité moyenne d’une commune hors influence des pôles est de 40 hab/km², soit deux fois plus que la moyenne régionale. Ces communes s’apparentent plutôt à des communes des couronnes des grandes aires urbaines, car elles sont comparables en matière de densité et relativement proches des métropoles de Lyon et de Saint-Étienne.

Les boulangeries et commerces de détail illustrent bien ce phénomène (figure 3). Dans les territoires hors influence des villes de Loire et Jeune-Loire, il faut près d’une minute de moins pour atteindre un de ces équipements que dans les communes de même type de la région. Pour autant, le nombre de commerces de proximité dans ces zones n’est que de 18 pour 10 000 habitants, contre 25 en moyenne régionale. Si cette situation peut paraître paradoxale, elle s’explique par le fait que lorsque l’habitat est plus dense, un moindre maillage des équipements suffit pour assurer des temps d’accès limités. Les communes les plus peuplées ont souvent des taux d’équipements plus faibles.

Figure 3Des temps d’accès aux commerces de proximité plus faibles dans les communes hors influence des pôles urbains que la moyenne régionale Taux d’équipement et temps d’accès aux commerces (boulangerie, commerce de détail) selon le degré d’urbanisation des communes

Des temps d’accès aux commerces de proximité plus faibles dans les communes hors influence des pôles urbains que la moyenne régionale
Degré d’urbanisation des communes Population Loire et Jeune-Loire Taux d’équipement (pour 10 000 habitants) Temps d’accès (en minutes)
Loire et Jeune-Loire Région Loire et Jeune-Loire Région
Grands pôles 481 100 15,3 13,3 1,4 1,4
Couronnes des grands pôles 229 000 12,9 11,4 2,9 3,0
Moyennes et petites aires 43 300 19,4 19,1 1,9 2,3
Hors influence 90 900 18,1 25,4 3,2 4,0
Ensemble 844 300 15,2 14,1 2,0 2,1
  • Source : Insee, Recensement de la population 2015, Base permanente des équipements 2017, Métric

À l’ouest, des communes hors influence des villes à la population plus âgée et éloignée du panier « seniors »

La part des seniors dans la population est plus forte dans les communes hors influence des villes. 23 % des habitants y ont plus de 65 ans (contre 19 % sur l’ensemble du territoire). Dans près de la moitié de ces communes, la part des seniors dépasse même 25 %. Dans ces territoires, l’accès aux équipements et services à destination des est donc un enjeu majeur. Or, certains de ces équipements sont uniquement présents dans les grands pôles urbains. C’est notamment le cas de plusieurs services de santé tels que les services d’urgence.

Dans les monts du Forez et de la Madeleine, les habitants des communes hors influence des villes mettent plus de 15 minutes pour accéder aux équipements du panier seniors. Et c’est dans cette partie du territoire que les seniors représentent la part la plus importante de la population (figure 4). En conséquence, 2 800 habitants de plus de 65 ans vivent dans ces communes éloignées et doivent faire face à un net déséquilibre entre habitat et services à destination des populations les plus âgées.

Par ailleurs, les seniors déménagent moins souvent que le reste de la population. Ils sont donc moins enclins à se rapprocher des lieux équipés. 97 % des 60 ans et plus qui vivaient dans une commune hors influence des villes en 2014 résident dans la même commune en 2015, soit 3 points de plus que pour l’ensemble des habitants de ces communes. De plus, les difficultés d’accès sont renforcées par un taux d’équipement automobile plus faible après 75 ans et une perte d’autonomie qui devient plus fréquente. Dans les communes hors influence des pôles urbains, 27 % des ménages dont le référent a plus de 75 ans n’ont pas de voiture. Ce n’est le cas que de 5 % de l’ensemble des ménages vivant dans ces territoires. Or, dans ces espaces plus isolés, la voiture est souvent indispensable, les transports en commun étant peu développés voire inexistants.

Figure 4Les communes rurales de l’ouest paradoxalement plus âgées et plus éloignées du panier « seniors »Part des 65 ans et plus dans la population communale et temps d’accès au panier « seniors » pour les communes hors influence

Les communes rurales de l’ouest paradoxalement plus âgées et plus éloignées du panier « seniors » - Lecture : 29 % des habitants de Noirétable ont 65 ans ou plus. Ils mettent 10,9 minutes soit 2,6 minutes de moins que la moyenne des habitants des communes hors influence pour accéder aux équipements du panier « seniors ».
Département Part des 65 ans et plus (en %) Écart au temps d’accès de référence au panier « seniors » pour les communes hors influence (en minutes)
42002 28,4 2,7
42004 19,6 -1,1
42006 27,2 1,9
42007 16,8 0,4
42009 16,2 -2,6
42011 23,0 -5,9
42014 22,5 0,4
42015 30,2 -3,4
42028 20,1 -1,4
42029 26,4 -1,5
42030 18,7 -2,0
42033 18,8 -0,8
42034 28,9 -1,3
42035 16,7 2,6
42039 34,6 9,2
42040 32,7 11,1
42045 38,3 11,1
42047 27,4 -0,4
42063 17,5 -1,8
42066 17,8 -4,2
42068 9,9 -3,7
42072 26,8 7,0
42073 18,4 -1,6
42076 25,8 2,9
42077 18,2 -1,8
42079 16,0 -1,3
42082 17,4 2,0
42084 23,2 -0,2
42086 18,3 -0,8
42088 13,7 -4,4
42098 16,1 -2,7
42104 22,7 -0,8
42106 26,0 2,2
42109 26,8 0,9
42113 18,5 -0,1
42116 22,4 2,4
42118 24,2 -3,6
42125 29,6 3,3
42128 17,9 -1,7
42143 15,7 -4,9
42145 26,1 -4,5
42146 29,4 7,1
42148 18,7 0,7
42154 24,8 -0,3
42155 19,2 -4,8
42156 24,9 -5,1
42159 28,8 -2,6
42160 25,3 0,8
42164 21,8 3,5
42165 27,0 -3,6
42171 22,9 -1,5
42173 27,3 -2,0
42174 15,6 -5,4
42175 16,1 -4,0
42181 25,1 -3,9
42193 20,2 -3,0
42194 32,0 2,6
42196 19,2 0,6
42209 23,5 0,5
42213 17,7 1,3
42215 22,1 -4,4
42217 34,2 5,2
42221 17,7 -2,8
42226 17,8 0,1
42227 26,0 4,5
42229 19,3 -1,8
42230 28,2 -3,3
42238 27,5 2,5
42241 23,4 -1,2
42243 20,2 -0,9
42245 33,1 0,4
42247 25,9 7,0
42248 30,7 -1,8
42249 29,0 -2,6
42252 26,0 1,8
42254 16,3 -1,3
42255 26,5 3,2
42257 33,6 0,3
42260 20,6 3,5
42276 27,6 6,4
42278 21,6 1,6
42282 32,7 0,3
42288 17,6 -0,5
42289 22,4 -4,7
42291 28,8 3,6
42293 18,5 -3,3
42295 14,9 -3,1
42296 15,7 -3,6
42298 22,8 8,3
42300 17,6 -2,3
42303 25,9 2,6
42314 26,6 4,1
42317 21,1 3,8
42318 31,8 0,1
42321 44,4 10,6
42334 24,7 -3,3
42339 25,9 1,6
43007 19,9 -0,5
43024 26,5 -1,9
43025 20,2 -4,6
43034 21,2 2,9
43051 28,2 -4,5
43069 18,9 0,6
43087 23,9 -5,2
43102 15,2 -2,2
43114 19,4 -2,4
43129 21,1 3,1
43130 28,5 -3,0
43141 24,8 -4,2
43142 22,5 0,4
43159 15,0 -3,6
43162 26,9 -5,1
43163 25,5 -1,4
43166 31,3 6,5
43172 11,9 6,0
43199 20,8 -0,1
43203 16,8 -2,7
43204 35,6 4,5
43211 17,5 -7,7
43212 31,4 0,7
43240 22,7 4,0
43244 26,1 -4,4
43246 29,1 4,0
  • Lecture : 29 % des habitants de Noirétable ont 65 ans ou plus. Ils mettent 10,9 minutes soit 2,6 minutes de moins que la moyenne des habitants des communes hors influence pour accéder aux équipements du panier « seniors ».
  • Sources : Insee, Recensement de la population 2015, Base permanente des équipements 2017, Métric

Figure 4Les communes rurales de l’ouest paradoxalement plus âgées et plus éloignées du panier « seniors »Part des 65 ans et plus dans la population communale et temps d’accès au panier « seniors » pour les communes hors influence

  • Lecture : 29 % des habitants de Noirétable ont 65 ans ou plus. Ils mettent 10,9 minutes soit 2,6 minutes de moins que la moyenne des habitants des communes hors influence pour accéder aux équipements du panier « seniors ».
  • Sources : Insee, Recensement de la population 2015, Base permanente des équipements 2017, Métric

Des familles plus présentes dans les pôles d’équipements

Les temps d’accès aux équipements à destination des sont plus élevés que ceux constatés pour les paniers « seniors » et « vie courante ». Ce panier intègre en effet des équipements plus rares (maternité, collège, gare...) et plus inégalement répartis sur le territoire. Ainsi, les temps d’accès sont deux fois plus importants dans les moyens et petits pôles que dans les grands pôles urbains. Ils sont même 3,5 fois plus élevés dans les communes hors influence des pôles. Dans ces dernières, les parents vivent plutôt dans des communes où se trouvent les commerces et services adaptés à leur mode de vie. Mais c’est là aussi, dans les communes les plus éloignées, que la part des parents est plus faible.

Dans les couronnes des grands pôles urbains, les situations sont plus diversifiées. Dans la couronne stéphanoise, des communes importantes, telles qu’Andrézieux-Bouthéon et Monistrol-sur-Loire, offrent une grande diversité d’équipements du panier « parents » qui permettent de réduire le temps d’accès depuis les communes voisines. Pourtant, dans certaines communes éloignées des équipements les moins courants tels que les maternités, les parents peuvent être assez nombreux. Ainsi, plus de 5 000 parents des couronnes vivent à plus de 16 minutes des équipements du panier, seuil d’éloignement. Ils représentent ainsi une part importante des habitants de ces communes. Bien qu’ils soient deux fois plus éloignés du panier « parents » que les habitants des pôles, ils ont pour la plupart la possibilité d’utiliser les équipements du pôle urbain où un grand nombre travaillent.

Saint-Étienne, seul pôle d’enseignement supérieur complet

Plus que toute autre population, les jeunes font des choix résidentiels liés à la présence d’équipements, notamment d’enseignement supérieur. Ils sont également guidés par les opportunités plus nombreuses qu’offrent les grands pôles urbains en matière d’emploi.

Pour un nombre important de communes de Loire et Jeune-Loire, le temps d’accès au est fortement influencé par la distance à Saint-Étienne, seul pôle d’ presque complet de la zone d’étude. On y trouve notamment une très grande diversité d’établissements d’enseignement supérieur.

Roanne est également un pôle d’équipement supérieur, mais seule la moitié des types d’enseignement supérieur du panier « jeunes » y sont présents. Certains équipements, comme les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), les écoles d’ingénieurs, les formations de commerce et d’autres formations non universitaires sont absents de l’agglomération. Cela conduit à un clivage entre le nord de la zone, où les temps d’accès aux équipements sont plutôt élevés, et le sud, plus proche de Saint-Étienne, donc de l’ensemble des équipements du panier « jeunes ». La répartition des 19-29 ans sur le territoire reflète cette dichotomie. En effet, ceux-ci représentent une part importante des habitants de l’aire urbaine stéphanoise mais sont moins nombreux dans la moitié nord. En comparaison, la population des 15-18 ans est répartie de façon assez uniforme en Loire et Jeune-Loire.

Les jeunes originaires des zones les plus éloignées sont nombreux à déménager pour se rapprocher de leur lieu d’études ou de leur premier emploi. Ainsi, 18 % des 20-29 ans ont changé de commune en un an, contre 8 % pour l’ensemble des habitants de ces territoires.

Encadré 1 - Dans les grands pôles du territoire, un accès aux médecins généralistes moins facile qu’en moyenne régionale

Avec le vieillissement de la population, la présence de médecins généralistes devient un enjeu important pour tous les territoires. La seule présence d’un médecin dans une commune ne suffit pas à déterminer l’accessibilité aux soins. Il est aussi important de s’intéresser à la possibilité effective de consulter. Celle-ci dépend de multiples facteurs, notamment de la structure par âge de la population, les personnes âgées générant une demande plus importante. Les déplacements des médecins, qui prennent du temps et diminuent le nombre de consultations possibles, augmentent aussi avec l’âge des patients et la faible densité du peuplement. Une zone est considérée en situation de sous densité en médecins en deçà d’un seuil d’accessibilité potentielle localisée (APL, pour comprendre) de 2,5 consultations par an et par habitant.

Dans les grands pôles urbains de Loire et Jeune-Loire, l’accessibilité aux médecins est un peu moins bonne que dans les autres grands pôles de la région (figure 5). Toutefois, elle reste nettement meilleure que pour l’ensemble du territoire.

Globalement, le territoire de Loire et Jeune-Loire n’est pas sous-doté en médecins généralistes mais, comme sur les autres types d’équipements, de grandes disparités apparaissent. L’accessibilité aux médecins est la plus faible dans les couronnes et les communes hors influence des pôles. Parmi ces dernières, plusieurs apparaissent sous-dotées en médecins, celles-ci étant également souvent éloignées du panier de la vie courante.

Figure 5Moins de consultations possibles pour les habitants des grands pôles ligériens que ceux des autres pôles de la région.Accessibilité potentielle localisée (APL) médiane, par degré d’urbanisation (en nombre de consultations possibles par an)

Moins de consultations possibles pour les habitants des grands pôles ligériens que ceux des autres pôles de la région. - Lecture : la moitié des habitants de Loire et Jeune-Loire ont accès à 2,9 consultations de généralistes ou plus par an.
Degré d’urbanisation des communes APL Médiane
Loire et Jeune Loire Région
Grands pôles 3,4 3,9
Couronnes des grandes aires 2,7 2,8
Moyennes et petites aires 3,6 3,5
Hors influence 2,7 2,7
Ensemble 2,9 3,0
  • Lecture : la moitié des habitants de Loire et Jeune-Loire ont accès à 2,9 consultations de généralistes ou plus par an.
  • Sources : Insee, Métric, SNIIR-AM 2015, EGB 2013, CNAM-TS

Encadré 2 - Le mot du partenaire

Cette étude partenariale avec l’Insee a été réalisée dans le cadre de la conférence des territoires ligériens, lieu d’échanges réguliers entre les territoires des bassins de vie ligériens. Cette instance informelle, co-pilotée par l’État et le Département, regroupe en outre les acteurs suivants : les SCoT ligériens ou ayant de forts liens avec les territoires ligériens (Sud-Loire, Roannais, Sornin, Loire-Centre, Jeune-Loire, Monts du Lyonnais et Rives du Rhône), les intercommunalités ligériennes, la fédération des maires de la Loire, les chambres consulaires de la Loire, l’agence d’urbanisme Epures et l’Établissement public foncier de l’Ouest Rhône-Alpes (EPORA). Elle a mobilisé les partenaires volontaires, que nous remercions pour leur investissement, à l’occasion de six comités techniques.

L’objectif de cette étude était de mieux connaître les niveaux d’accès aux commerces et services des différents territoires comme éléments à prendre en compte lors des exercices de planification. L’objectif est d’orienter le développement de l’habitat plus en lien avec les commerces et services existants et ainsi répondre aux exigences du code de l’urbanisme en matière de répartition géographiquement équilibrée entre habitat, commerces et services.

Sans surprise, l’étude montre que, sur ce point, les secteurs les plus propices au développement de l’habitat sont les territoires les plus urbains. Elle met cependant en lumière des différences plus locales ainsi que des problématiques spécifiques à certains publics qui seront également à prendre en compte.

Pour la conférence des territoires - la DDT de la Loire

Pour comprendre

L’accessibilité potentielle localisée (APL), développée par la Drees et l’Irdes, propose une nouvelle mesure de l’accessibilité spatiale aux professionnels de santé libéraux, qui tient compte de l’offre des communes environnantes et de la demande de soins. Pour plus de détails, voir « Offre de soins de premier recours : proximité ne rime pas toujours avec accessibilité », Insee Première n° 1418, octobre 2012.

Sources

La Base permanente des équipements (BPE) mesure le niveau d’équipements et de services sur un territoire. Elle comporte un large éventail d’équipements et de services rendus à la population. Le champ actuel recouvre les domaines des services, marchands ou non, des commerces, de la santé et de l’action sociale, de l’enseignement, du sport, des loisirs, du tourisme, des transports et de la culture.

Le distancier Métric de l’Insee fournit, pour cette étude, les distances routières entre chefs-lieux de communes mais aussi entre carreaux au sein d’une commune.

Définitions

Les 22 équipements et services qui constituent le panier « vie courante » ont été retenus en fonction de la proximité, de la mobilité qu’ils impliquent, de l’importance qui leur est donnée au quotidien et de leur fréquence d’usage.

Le panier « seniors » comprend 14 équipements liés à la santé, les sports et loisirs et les services d’aides, principalement à destination des personnes de 65 ans et plus.

Le panier « parents » comprend 23 équipements autour des thèmes santé, enseignement et sports et loisirs. Il est centré sur les familles comportant au moins un enfant de moins de 18 ans.

Panier « jeunes » : pour étudier l’accès des jeunes aux services, l’Insee a défini un panier de biens et services ciblés sur les besoins des jeunes de 19 à 29 ans. Ce panier comprend 24 équipements liés à l’enseignement, la santé, la mobilité, l’insertion professionnelle et les sports et loisirs.

La gamme d’équipements supérieurs est composée de 35 équipements dont l’agence Pôle emploi, l’hypermarché, le lycée d’enseignement général, technologique ou professionnel, les urgences, le gynécologue, le cinéma, etc.

Champ

Le zonage en aires urbaines de 2010 propose une mesure des aires d’influence des villes.

Le zonage retenu dans cette étude distingue les grands pôles urbains, leurs aires d’influences (couronnes des grands pôles), les autres aires urbaines (moyennes et petites aires) et les communes hors de l’influence des pôles. Chaque commune de la Loire et de Jeune-Loire a été comparée à la moyenne des communes du même type d’espace de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Zonage de comparaison

Pour en savoir plus

« Du rural éloigné au rural proche des villes : cinq types de ruralité », Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes, n° 77, février 2019

« Les montagnes d’Auvergne-Rhône-Alpes éloignées des services courants », Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes, n° 2, janvier 2016

« L’accès aux services, une question de densité des territoires », Insee Première n° 1579, janvier 2016

« Commerces et services dans la Loire : vers une adaptation au vieillissement de la population et aux enjeux du Grenelle », Insee Rhône-Alpes, La Lettre Analyses n° 167, mars 2012