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Congrès de Régions de France - Mobilité verte et pour tous : les régions en première ligne

Lors d'un atelier de leur 15e congrès qui s'est tenu ces 30 septembre et 1er octobre à Bordeaux, les régions ont mis en avant les actions concrètes de leurs collectivités en faveur d'une mobilité durable et pour tous. Les résultats d'une enquête inédite ont montré les attentes d'une partie des Français dans ce domaine.

C'est l'une des raisons qui ont suscité le mouvement des "gilets jaunes" : la difficulté de se déplacer au quotidien. Les résultats d'une enquête d'Ipsos pour Régions de France et Transdev menée du 15 au 29 juillet 2019 auprès d'un échantillon de plus de 10.000 Français, représentatif de la population, le confirment : plus les personnes sont mécontentes de l'offre de transports en commun située près de leur domicile, plus elles se sentent proches de ceux qui ont envahi les ronds-points ces derniers mois. L'insatisfaction à l'égard des transports collectifs grimpe à 45% chez ceux qui se déclarent "très proches" des acteurs du mouvement social, comme l'a dévoilé Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos, lors d'un atelier consacré aux mobilités, qui s'est tenu ce 30 septembre, au premier jour du 15e congrès des régions de France, à Bordeaux.
Autre constat dressé par l'enquête : alors que la congestion automobile paralyse certaines agglomérations et que les dérèglements climatiques s'accentuent, 87% des Français sont tributaires de leur voiture pour leurs trajets du quotidien. Plus inquiétant : parmi eux, les deux tiers estiment qu'ils ne peuvent pas s'en passer au profit d'un autre mode de transport. En cause : l'offre en moyens de transport alternatifs, qu'ils jugent inadaptée à leurs besoins (absence de lignes régulières, passages trop peu nombreux, trajets trop longs et/ou comportant des correspondances). Les Français se disent toutefois prêts à renoncer à leur voiture si l'arrêt de bus, ou la gare ferroviaire n'est pas trop éloigné (respectivement 8 minutes et 16 minutes au plus).
Face aux défis de la mobilité, les régions sont en première ligne. Les dernières réformes concernant les collectivités territoriales - dont le projet de loi d'orientation des mobilités adopté par l'Assemblée nationale, en nouvelle lecture, le 17 septembre dernier – ont confirmé leur rôle de chef de file dans ce domaine. En plus de jouer un double rôle d'organisation et d'information, les régions vont pouvoir "être gestionnaires de réseaux, sous certaines conditions" et à partir de décembre 2022, travailler avec d'autres opérateurs ferroviaires que la SNCF, souligne Philippe Tabarot, vice-président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur délégué aux transports.

Ticket mobilité, éco-chèque…

Pour trouver les solutions de mobilité les plus adaptées et au moindre coût, la meilleure méthode consiste à "se mettre à la place de l'usager", préconise Michel Neugnot. Le premier vice-président de la région Bourgogne-Franche-Comté et président de la commission transports et mobilité de Régions de France est également un partisan de la "co-construction" des politiques de transports avec les acteurs concernés, au premier chef les habitants et les entreprises. La méthode a inspiré la mise en place à partir de mai dernier d'un "ticket mobilité" pour les salariés de Bourgogne-Franche-Comté, dont le domicile se situe à plus de 30 km de leur lieu de travail et qui ne peuvent pas le rejoindre en transport collectif en moins d'une heure. Lorsque l'employeur est volontaire, il verse 15 euros par mois à son salarié. Une somme que la région abonde à hauteur également de 15 euros (si le salarié perçoit un salaire inférieur à deux Smic).
Pour faciliter les déplacements du quotidien dans les zones peu desservies en lignes de transport en commun, la région Normandie mise quant à elle sur le covoiturage. En partenariat avec la start-up Karos, elle vient ainsi de mener une expérimentation pendant plus d'un an dans le territoire de la communauté de communes Roumois Seine (située dans les départements de l'Eure et de la Seine-Maritime). 45 personnes ont utilisé régulièrement cette solution économe, puisque grâce à la participation de la région, un trajet inférieur à 25 kilomètres ne leur coûtait qu'1 euro.
100 % écologique, le vélo à assistance électrique se développe, lui, avec succès en Occitanie, grâce au "chèque mobilité" d'une valeur de 100 euros, que la région offre depuis le début de l'année (sous conditions de ressources). La demande n'émane pas que "des bobos très urbains, comme on pourrait le croire", indique Jean-Luc Gibelin, vice-président de la région en charge des mobilités et infrastructures transports. Les habitants des territoires ruraux sont, eux aussi, nombreux à déposer des demandes. Le vélo électrique leur permet d'effectuer par exemple les 3 ou 4 kilomètres qui les séparent d'une gare, précise l'élu. Un endroit, où dans l'idéal ils devraient pouvoir garer leur deux-roues. La réponse aux besoins des Français, estime-t-il, est dans le développement d'un "panel" de solutions et dans leur "articulation".

Petites lignes ferroviaires

Les échanges ont également confirmé qu'ici ou là, les élus régionaux travaillent à offrir des tarifs avantageux dans les transports à ceux qui ont des ressources faibles, à améliorer la qualité de la desserte et la ponctualité des véhicules de transport en commun, à développer l'information des usagers - notamment via les outils numériques - ou encore à mettre en place des systèmes de tarification unique. Autant d'initiatives qu'une majorité de Français jugent efficaces pour les inciter à emprunter moins leur voiture. De quoi, donc, encourager les régions à poursuivre leurs efforts.
Là où le bât blesse, pour Philippe Tabarot, c’est sur le financement. En effet, le législateur n'a accordé "aucune ressource dédiée à la région". Celle-ci est "la seule collectivité qui ne perçoit pas de versement mobilité". Par conséquent, les régions qui demanderont à gérer certaines petites lignes ferroviaires - comme les y autorise le projet de loi d'orientation des mobilités – seront confrontées à des "choix qui ne sont pas simples", du fait de la vétusté d'une partie d'entre elles.
Les régions ont programmé 10,7 milliards d'euros (dont 3,1 milliards d'investissements) en faveur des transports dans leurs budgets pour 2019. Ce qui représente leur premier poste de dépenses (près d'un quart de leur budget).
 

 

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