Le taux de pauvreté est resté stable en 2017, mais les Français sont plus nombreux à se sentir pauvres

L'édition 2019 de "Minima sociaux et prestations sociales - Ménages aux revenus modestes et redistribution" publiée par la Drees dessine peu d'évolutions notables mais demeure une mine d'informations, entre autres sur les bénéficiaires de minima sociaux.

Au moment où le gouvernement propose un premier bilan de son plan pauvreté et que l'Insee sort sa livraison annuelle sur les niveaux de vie et les inégalités (lire notre article du 11 septembre), la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie, dans sa collection "Panoramas", l'édition 2019 de sa somme de 280 pages intitulée "Minima sociaux et prestations sociales - Ménages aux revenus modestes et redistribution". Cette mine indispensable d'informations "rassemble les données disponibles en 2019 sur les dispositifs de redistribution destinés aux ménages, notamment les plus modestes". Une quarantaine de fiches thématiques traitent notamment des conditions de vie des bénéficiaires de minima sociaux, des parcours et de l'insertion dans l'emploi des allocataires, des différents dispositifs et prestations, sans oublier plusieurs analyses transversales. Deux enrichissements cette année, avec une fiche traitant de la couverture des dépenses liées à l'habitat par les aides au logement et une autre sur l'accompagnement des bénéficiaires du RSA par Pôle emploi.

Sur les chiffres et les tendances, les évolutions sont nécessairement limitées d'une année sur l'autre. Les données 2019 ne diffèrent donc pas fondamentalement de celles de l'an passé (voir notre article détaillé ci-dessous du 11 septembre 2018). À la fin de 2017, la France comptait ainsi 4,22 millions d'allocataire d'un des dix minima sociaux, soit une quasi stabilité (+0,1%), alors que leur nombre avait reculé de 1,6% en 2016. Cette situation tient, pour l'essentiel, à une baisse des effectifs d'allocataires du RSA en 2017 (-0,5%) nettement moindre qu'en 2016 (-4,3%). Avec les conjoints et les enfants, le nombre de personnes couvertes par au moins un des minima sociaux s'élève à environ 7 millions de personnes, soit environ 11% de la population.

L'édition 2019 de l'étude confirme également le rôle majeur des prestations sociales non contributives dans la réduction de la pauvreté monétaire (niveau de vie inférieur à 60% du revenu médian, soit 1.026 euros par mois). Ces prestations représentent en effet 42% du revenu disponible de ces ménages pauvres (14% de minima sociaux, 14% d'aides au logement, 11% de prestations familiales et 3% de prime d'activité). Elles augmentent leur niveau de vie de 345 euros par mois en moyenne. Combinées à la fiscalité directe, elles diminuent le taux de pauvreté de 8,2 points, soit un chiffre identique à celui de 2016. L'impact est particulièrement net pour les familles monoparentales (-20,5 points), les personnes handicapées ou en perte d'autonomie (-14,5 points) et les jeunes de moins de 20 ans (-13,1 points).

La seule nouveauté flagrante par rapport à l'édition précédente réside dans l'apparition d'un effet "gilets jaunes". Alors que le taux de pauvreté monétaire est resté inchangé (voir notre article ci-dessous du 11 octobre 2018), 18% des Français interrogés par la Drees se sentent pauvres en 2018, contre 13% en 2017. Et les chiffres sont même respectivement de 29% et 18% chez les ouvriers.

 

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