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Formation et apprentissage : les régions veulent être des "acteurs essentiels de la relance"

A l’occasion de son traditionnel point presse de rentrée, l’association Régions de France par la voix de François Bonneau, président délégué de l'association et président de la région Centre-Val de Loire, a exprimé son souhait de piloter les 35 milliards d’euros du plan de relance consacrés à la formation et à l’apprentissage.

Les régions de France affirment leur volonté de s’inscrire pleinement dans le plan de relance. "Il ne faut pas que les financements tournent autour de nos têtes mais qu’ils s’incarnent dans chaque territoire", a affirmé François Bonneau. Lors d’un point presse de rentrée le 16 septembre dans les nouveaux locaux de l’association quai de Grenelle à Paris, le président délégué de Régions de France et président de la région Centre-Val de Loire a ainsi expliqué que les régions demandaient à ce que la gestion et la mise en œuvre territoriales des 35 milliards d’euros prévu par le plan de relance sur la formation leur soient confiées, ajoutant que "la sortie de crise se fera par la territorialisation et pas la concentration".

"Ecoute" et "bras de fer"

Les sujets sur lesquels Régions de France veut peser sont nombreux à commencer par l’apprentissage qui nécessite une grande vigilance. "Nous ne voulons pas que l’apprentissage pâtisse de la crise", a martelé François Bonneau qui a rappelé avoir déjà alerté Muriel Pénicaud sur le financement des CFA redoutant qu’en cas de difficulté ils ne s’en relèveraient pas. "Nous ne pensions pas que cela se produirait dès la première année de la mise en œuvre du nouveau système de financement", a indiqué François Bonneau. Régions de France a évoqué ce "risque d’impasse budgétaire" au Premier ministre en juillet et un accord de méthode a été signé le 29 juillet. Les discussions se poursuivent pour en fixer les modalités. "Nous sommes à l’écoute tout en maintenant le bras de fer", prévient l’élu dont les deux maîtres mots en matière d’apprentissage sont "l’audace et l’accélération".

Les principales craintes portent sur les bas niveaux de qualification qui risquent d’être fragilisés par un manque d’offres.

Développer des solutions supplémentaires

Face au risque d’une forte chute des offres d’apprentissage, les Régions demandent "un pilotage et un suivi régulier" qu’elles se proposent de gérer. La veille, Elisabeth Borne avait cependant assuré lors du salon de l’AEF que "l'objectif d'apprentissage est à notre portée". La ministre du Travail se donne l'objectif d'atteindre "au moins autant de contrats que l'an dernier", mais sans toutefois donner de chiffres officiels.

Régions de France appelle l’Etat à développer des solutions supplémentaires aux aides exceptionnelles aux employeurs d’apprentis et aux CFA pour "sécuriser les parcours des jeunes" en facilitant par exemple les passerelles entre les formations ou les types de contrat. "Nous sommes prêts à rediscuter de la place des régions dans l’apprentissage de demain", a prévenu l’élu. "Le dossier ne doit pas être fermé et les faiblesses 'criantes' solutionnées." Parmi ces faiblesses, figure par exemple le financement des CFA au contrat qui pourrait "fragiliser" un certain nombre d’établissements dont ceux intervenant sur les métiers rares ou situés en zones rurales. "Ce système rend de plus les CFA dépendant de la conjoncture économique alors que la formation doit être contra-cyclique", a poursuivi François Bonneau. Autre faiblesse : donner à des grands groupes la possibilité de créer leur propre CFA, à l’instar de L’Oréal pour la coiffure, et donc de peser sur des secteurs au détriment des centres et de certains territoires.

"Il faut un accélérateur de la décision publique"

Les régions remontent aussi à l’offensive sur le partage des compétences en matière de formation avec Pôle emploi. Pour François Bonneau, "l’efficacité territoriale dépend de l’étroite articulation avec Pôle emploi et du pilotage des missions". Et de déplorer la lenteur de la prise de décision. "La crise a réussi à accélérer les décisions publiques. On ne peut pas avoir de discussion sur le pilotage avec Pôle emploi qui dure 3 ou 4 ans", a-t-il insisté. "Cela ne signifie pas qu’il ne doit pas y avoir de concertation, mais qu’il faut un accélérateur de la décision publique."

Quant au recentrage du PIC (plan d’investissement dans les compétences), "les travaux ont commencé au niveau national et le dialogue est engagé avec Jean-Marie Marx (haut-commissaire aux compétences et à l’inclusion par l’emploi, ndlr)", a indiqué le président délégué de Régions de France. Elisabeth Borne a de son côté souligné le 15 septembre avoir "pris attache avec les régions pour leur proposer des avenants" aux Pric (plans régionaux d'investissement dans les compétences), afin "qu'on puisse adapter le volume et la nature des formations pour tenir compte des métiers qui recrutent et des secteurs qu'on va accélérer dans le plan de relance". Mais pour Régions de France, "les dispositifs de formation doivent compléter l’existant et pas se substituer à d’autres outils, et s’adresser aux jeunes".

Il s’agit aussi d’investir de nouvelles filières comme entre autres le numérique "qui ouvre des opportunités dans le recyclage des appareils par exemple", a précisé François Bonneau. "Beaucoup de jeunes sont encore très limités dans l’usage des outils numériques. Les efforts sur la formation doivent être contra-cycliques, pour anticiper les crises sinon on ne s’en sortira pas."

 

Articuler les CPER 2021-2027 avec le plan de relance

Lors de la prochaine rencontre des Régions de France avec Jean Castex le 28 septembre, la prochaine génération de contrats de plan (CPER) sera à l’ordre du jour. Elle doit être, selon François Bonneau, un "redémarrage" et "embarquer tous les secteurs (formation, transition énergétique, mobilités, la recherche…) afin de les articuler avec les divers plans de relance : France Relance, mais aussi européens et régionaux. "L’enjeu est d’amener dans les régions la vision de l’Etat et d’opérer des choix en lien avec les régions", a prévenu le président délégué de Régions de France.