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Mobilité de proximité : comment les collectivités repensent leur stratégie

Les collectivités, qui s'attellent à diversifier l'offre de mobilités sur leur territoire, aspirent à une simplification et une clarification des compétences.

Clarifier les compétences de chacun pour travailler à une offre globale de mobilités à l'échelle des territoires, alliant transports en commun et mobilités actives : telle est, sur le terrain, la synthèse pour laquelle plaident de nombreux acteurs.
Clarifier les compétences de chacun pour travailler à une offre globale de mobilités à l'échelle des territoires, alliant transports en commun et mobilités actives : telle est, sur le terrain, la synthèse pour laquelle plaident de nombreux acteurs. (oksana.perkins/Shutterstock)

Par Etienne Thierry-Aymé

Publié le 14 déc. 2022 à 07:19Mis à jour le 19 déc. 2022 à 17:23

Les transports représentent aujourd'hui « 30 % des émissions nationales de gaz à effet de serre , dont plus de 94 % d'entre elles viennent du secteur routier », rappelait, le 9 novembre 2022, le ministre délégué chargé des Transports, Clément Beaune, à l'occasion du lancement de « l'atelier transports » du Conseil national de la refondation (CNR).

Avec partout sur le territoire la même question : « Comment proposer des transports du quotidien plus accessibles et plus verts ? » La mission du CNR étant de nourrir en propositions le travail de planification écologique de la Première ministre, Elisabeth Borne, avec pour objectif l'atteinte de la neutralité carbone en 2050.

Des attentes fortes

Isabelle Rio-Lopes, directrice du secteur mobilité chez Kantar, pointe d'ailleurs en la matière les attentes fortes des Français. « Les consommateurs nous disent être prêts à faire évoluer leur pratique. Mais ils attendent des solutions portées par les entreprises et les autorités publiques. »

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Or, des propositions concrètes, il en existe déjà. Notamment du côté des collectivités. Puisque, en préparation de son 104e Salon des maires, qui s'est tenu du 21 au 24 novembre, l'Association des maires de France (AMF) a dévoilé « 25 propositions pour une transition adaptée aux déplacements du quotidien », rappelle Sylvain Laval, l'un des deux coprésidents de la commission transports, mobilité, voirie de l'AMF. Vingt-cinq propositions comme autant de prérequis indispensables, dixit l'AMF, pour atteindre « les objectifs fixés par le gouvernement pour la décarbonation des transports ».

Clarifier et simplifier

Le vice-président de Grenoble-Alpes Métropole et président du Syndicat mixte des mobilités de l'aire grenobloise, se félicite au passage des annonces du président de la République, Emmanuel Macron, en faveur de RER régionaux : « Cela va dans le bon sens. Le ferroviaire est un enjeu majeur pour les liaisons entre périphérie et centre urbain. » Sans oublier les petites lignes dans les zones rurales. Et d'insister : « Les collectivités seules ne pourront pas y arriver, si on veut tenir la cadence et faire face aux enjeux environnementaux, nous aurons besoin de plans de financement de l'Etat. »

Avec, au-delà des investissements nécessaires, la clarification et la simplification des compétences en matière de mobilités. La loi d'orientation des mobilités (LOM) a en effet permis aux communautés de communes de se saisir de la compétence transport avant la date butoir du 31 mars 2021. Mais toutes n'ont pas encore franchi le pas. « C'est pourquoi l'AMF milite aujourd'hui pour rouvrir cette possibilité », explique Sylvain Laval.

Carole Ropars, responsable du pôle environnement et aménagement d'Intercommunalités de France, souligne, quant à elle, le rôle très important d'animation des « interco » sur le sujet des mobilités, en complément des régions. « Les communautés de communes ont une connaissance très fine des acteurs du territoire, insiste-t-elle, avec cette capacité de réaliser des diagnostics sur les besoins et de mettre en place des solutions appropriées. »

« Surfer sur la vague »

Sur le terrain, Françoise Rossignol, présidente du Club des villes et territoires cyclables et marchables, relève le double impact de la crise sanitaire qui, d'un côté, a permis les déplacements individuels (vélo, trottinettes , etc.) et, de l'autre, a fait chuter la fréquentation des transports en commun.

La stratégie des collectivités étant de réussir aujourd'hui à récupérer leur part modale en matière de transports en commun, ce qui passe par une réflexion sur l'attractivité de l'offre, tout en cherchant à « surfer sur la vague des modes actifs ». Et, pour favoriser la diversification de l'offre, celle qui est aussi la vice-présidente chargée de la mobilité et des transports de la communauté urbaine d'Arras poursuit : « Il faut repenser la répartition de l'espace public en inversant la pyramide des priorités entre les modes. » La fourniture et l'accessibilité de nouveaux services (free-floating, auto-partage, covoiturage, location de vélos en gare) entrent dans cette équation. Parmi les villes les plus avancées en la matière : Strasbourg, Grenoble, Nantes et Rennes.

Sécuriser les déplacements

Sorti des villes et des agglomérations, une autre question se pose : « Comment circuler de façon plus sécurisée ? » Avec comme réponse, notamment, le développement « de chaussées à voie centrale banalisée (ou 'chaussidou') pour circuler de manière plus sécurisée à vélo », détaille Françoise Rossignol.

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Marie Huyghe, consultante en mobilité qui travaille à l'accompagnement des pratiques dans le monde rural, souligne quant à elle que, au-delà des infrastructures, il faut surtout savoir accompagner les changements, permettre aux automobilistes « de se former et d'expérimenter d'autres modes afin de lever les freins et donner envie ».

L'experte appelle à un changement de braquet : « Les enjeux sont tels qu'il faut modifier nos pratiques de mobilités, nos modes de vie. » Plus facile à dire qu'à faire, surtout en zones rurales et dans le périurbain, où « les territoires ont été construits et pensés autour de la voiture ».

Tom Dubois, l'urbaniste et porte-parole du Forum Vies Mobiles, l'institut de recherche sur les mobilités soutenu par la SNCF, abonde : « Au-delà des transports, il faut repenser nos territoires pour favoriser la relocalisation des activités, des services et promouvoir une offre globale de mobilités. » Marie Huyghe milite, elle aussi, pour une démarche de planification globale. Une experte plutôt optimiste : « Quand on a des élus qui passent à l'action, on le voit, les choses changent. »

Etienne Thierry-Aymé

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