Pour répondre à la quête de sens d'une jeunesse dont la moitié déclare souffrir d’éco-anxiété, mais aussi aux besoins des entreprises, des établissements lancent des formations entièrement dédiées à la transition. Un premier pas en cette journée mondiale de l’éducation, même si les enjeux du climat restent encore trop peu abordés dans l’enseignement supérieur.

Former les étudiants aux enjeux socio-écologiques afin de décarboner la société est devenu un enjeu majeur. Mais le changement est lent. Selon une étude du Shift Project de 2019, seulement 24 % des formations abordent les enjeux climat-énergie. Pourtant, pas moins de 92 % des diplômés estiment qu’il est important de travailler dans une entreprise responsable (Cabinet Accenture, 2016).
Forts de ce constat, des établissements de l’enseignement supérieur s’engagent dans cette voie et de nouvelles formations spécialisées émergent. Comme le Bachelor Act proposée par l’Essec, l’école supérieure des sciences économiques et commerciales, en partenariat avec l’université de Cergy Paris. Ce cursus postbac, dont la première promotion est prévue en septembre 2022, repose sur "une approche pluridisciplinaire", nous explique le directeur du Bachelor, Aymeric Marmorat.
Au programme, des cours sur les enjeux climatiques : décarbonation et transition énergétique, biodiversité, agriculture durable… mais aussi sur les enjeux sociaux – inégalités, lutte contre la pauvreté, citoyenneté, démocratie… "car la transition environnementale va aussi impacter notre manière de vivre ensemble", précise Aymeric Marmorat.

Réagir face à l’éco-anxiété


Ces enseignements seront articulés autour de projets collectifs : "réaliser un bilan carbone, organiser une mobilisation citoyenne, créer une entreprise sociale", liste, à titre d’exemples, le directeur. L’objectif est aussi de maitriser les mécanismes décisionnels pour apprendre à dialoguer avec les parties prenantes, tant des ingénieurs sur la transition énergétique que des biologistes sur le rapport au vivant, mais aussi des élus, des chefs d’entreprises ou dirigeants d’associations.
Fin 2021, une étude mondiale a révélé qu’un jeune sur deux de 16 à 25 ans, se dit atteint d’éco-anxiété, cette inquiétude face aux menaces qui pèsent sur l’environnement. "L’éco-anxiété, considère Aymeric Marmorat, vient du fait que ces enjeux socio-environnementaux sont dans les préoccupations des jeunes mais restent en dehors de leurs champs d’actions. La formation vise à développer leur puissance d’agir" et leur permettre de trouver une voie professionnelle répondant à leurs aspirations.
Il s’agit aussi de répondre "aux besoins des organisations", ajoute le directeur, s’appuyant sur la dernière enquête de Birdéo, cabinet de recrutement spécialiste des métiers à impact positif, qui montre que 40 % des managers envisagent de recruter des professionnels du développement durable dans les prochains mois (2021). D’autres établissements l’ont d’ailleurs bien compris. C’est le cas d’Audencia, école de management à Nantes, qui vient de lancer Gaïa, son école de la transition écologique et sociale en partenariat avec le Shift Project.

Remodeler tout l’enseignement supérieur


L’émergence de ces offres spécialisées dans les écoles de commerce est une "bonne chose" pour Amélie Deloche du collectif Réveil écologique, car "il faut faire réfléchir au-delà du prisme du capitalisme et de la croissance". Mais ce n’est pas toujours le cas selon elle : "il existe un double discours entre la volonté de répondre aux attentes d’entreprises qui n’ont pas encore totalement fait leur transition et recherchent des futurs diplômés prêts à participer à la croissance. Mais aussi former des étudiants à d’autres débouchés pour faire changer le modèle économique".
Pour le collectif, ces filières spécialisées restent insuffisantes. Il pousse pour que les étudiants de tout horizon soient confrontés aux enjeux du climat. "Il faut remodeler l’ensemble des cursus de l’enseignement supérieur sous l’angle de la transition", déclare Amelie Deloche qui a conscience que les choses ne changeront pas du jour au lendemain.
Marion Chastain @MarionChastain

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