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jeudi 28 mars 2024
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Dans la Loire, le télétravail pourrait être permanent pour 23 % des emplois

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C’est ce qu’indiquait une étude d’Epures publiée le 7 décembre alors que le gouvernement impose le télétravail « quand cela est possible » à partir du 3 janvier, 5e vague Covid oblige. L’agence publique d’ingénierie urbaine de la région stéphanoise, qui se consacre à l’aide décisionnelle des collectivités, a évalué les pratiques et analysé les premiers impacts du télétravail sur l’ensemble du département de la Loire. Elle s’est, entre autres, basée sur une enquête de la Dares, Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques, menée fin 2020.

Plus de 66 000 emplois pourraient être potentiellement placés en permanence en télétravail (au moins partiellement) dans la Loire.

« Il est fort probable que le déploiement du télétravail bouleverse sensiblement, à terme les équilibres, les modes de vie et le rapport au territoire », note Epures dans l’introduction de son étude. Aussi, cette publication transversale de l’agence vise à interroger les impacts du télétravail dans la Loire. Qu’il s’agisse d’habitat, d’immobilier, de mobilité, de consommation énergétique et plus généralement d’aménagement du territoire. Oui mais à partir de quelle méthode ? A l’échelle nationale, la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) a réalisé de nombreuses enquêtes auprès des salariés du secteur privé pour quantifier le poids du télétravail et ses caractéristiques.

« Le choix méthodologique retenu dans notre analyse a donc consisté à appliquer le taux de télétravail de la Dares sur le volume d’emplois salariés de la Loire. Il s’agit du taux de télétravail en novembre 2020, donc en période de plein confinement (beaucoup moins strict que celui du printemps 2020 et donc plus transposable à une nouvelle réalité, Ndlr) », explique Epures. Une estimation du nombre d’emplois non salariés a été produite en retirant de l’emploi total du RP-INSEE 2017 l’emploi salarié ACCOSS 2019. Le taux global de télétravail Dares (26 % des emplois du coup considérés comme « télétravaillables ») lui a été appliqué. « On obtient le nombre d’emplois en télétravail dans l’emploi non salarié. Par addition, ce procédé a permis l’obtention du nombre d’emplois total en télétravail. »

Un potentiel de 79 % dans le numérique

La transposition de la méthode de la Dares à la Loire conduit à une estimation de 66 000 emplois potentiellement et partiellement occupés en télétravail sur les 280 000 du département. 23 % de l’emploi serait donc occupé par des actifs en situation de pouvoir pratiquer, de façon variable – un jour, deux jours et jusqu’à toute la semaine – le télétravail. C’est un peu moins de 22 % si l’on ne considère que l’emploi salarié : 190 000 postes. Epures pousse ses projections en les détaillant intercommunalité par intercommunalité. Peu de différences globalement – de 21 % au minimum à 24 % pour Saint-Etienne Métropole – mais davantage de contrastes si on ne considère que l’emploi salarié. Entre 17 % pour les plus petits EPCI (communautés de communes du Pays d’Urfé, du Pilat Rhodanien, des Monts du Pilat et des Monts du lyonnais) à 23 % pour Saint-Etienne Métropole et Roannais agglomération.

Les pôles d’emplois de grandes EPCI attirent d’avantage d’actifs résidant à l’extérieur. Et le type de catégories socio-professionnelles (CSP) entre aussi en jeu. Epures s’est enfin penchée sur les différences entre les secteurs d’activités. Partant du principe que le taux est naturellement de 0 % dans l’agriculture, l’agence estime que dans la Loire, 28 % des postes salariés privés dans les services (94 450) sont « télétravaillables ». Logiquement, seulement 9 % dans l’hôtellerie-restauration mais jusqu’à 66 % dans la banque et même 79 % dans le numérique. C’est 18 % dans le commerce sur 31 870 postes, 17 % dans l’industrie sur 51 210 postes (de 9 % au sein de l’agroalimentaire à 30 % dans l’environnement). Et, enfin, 12 % dans la construction sur 15 680 postes.

Que restera-t-il de la tendance à plus long terme ?

A partir de ces constats, et du potentiel identifié, Epures a essayé d’évaluer ce qui restera de cette tendance dans les années à venir. La méthodologie ? Elle prend à nouveau en compte 2020, année d’exception sur le télétravail mais aussi fin 2019. C’est-à-dire le nombre de jours par semaine télétravaillés identifiés par la Dares l’année référence d’avant crise, selon la catégorie d’actifs. S’ajoutent enfin les travaux de l’APUR. L’Atelier parisien d’urbanisme a mis en évidence trois scénarios de développement du télétravail régulier de un à trois jours par semaine selon les catégories socio-professionnelles (CSP). Ils s’échelonnent entre le doublement et le quadruplement de la pratique du télétravail dans chaque CSP par rapport à la pratique du télétravail avant la crise sanitaire. Le scénario considéré comme réaliste correspond environ au triplement de la part des actifs de chaque catégorie pratiquant le télétravail.

Le télétravail dans la Loire en 2019 et 2020 et son développement estimé selon trois scenarios.

Conclusion : il y aura plus de télétravail à l’avenir qu’en 2019 mais pas autant qu’en 2020. « Bon nombre de salariés ayant intégré la pratique, souligne l’agence, affirment leur besoin de retrouver une partie de leur activité en présentiel afin de retrouver leur vie sociale d’avant-crise sanitaire ». Epures estime, dans ces conditions, que le télétravail concernera, à l’avenir, de 15 005 à 23 269 actifs dans la Loire, soit respectivement 5,3 % et 8,3 % de leurs postes. Une part qui est nettement à relativiser au regard de ce qu’elle était fin 2020 (pour rappel, 23 % des actifs). D’ailleurs, même dans un scénario prospectif ambitieux, cette part s’élèverait seulement à 11 %, soit 31 533 actifs.

Plus de télétravail : un atout pour la Loire

Très détaillée, l’étude d’Epures (accessible à tous en cliquant ici) ne se limite pas aux éléments que nous avons essayé de synthétiser pour nos lecteurs. Elle fait témoigner des cabinets spécialisés dans l’immobilier, des entreprises tertiaires et secondaires, des bailleurs sociaux ou encore un établissement d’enseignement supérieur (l’Ecole des Mines). Tous de la Loire. Les collectivités ligériennes étant « appelées à accompagner de nouvelles façons de travailler sur leur territoire », il s’agit en effet d’évaluer pour elles, les effets sur l’offre de bureaux qui a déjà commencé à s’adapter, les logements, la réduction potentielle des déplacements en voiture, d’ailleurs très relative sur notre territoire selon les premières projections…

L’agence conclut cependant qu’au regard de son cadre de vie, du faible coût de son immobilier, de son équipement numérique, et de sa proximité avec Lyon, « au jeu des redistributions, le département de la Loire semble avoir des cartes à jouer. L’enjeu pour les prochaines années sera peut-être de le faire savoir… »    

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