« Il existe pléthore de dispositifs dans le parc social ou privé, dans les résidences étudiantes gérées par les Crous ou privées. Il est très compliqué de s’y retrouver quand on veut orienter un jeune », affirme Tommy Veyrat, délégué national de l’Union nationale des comités locaux pour le logement autonome des jeunes (Cllaj). Créés à l’initiative d’acteurs locaux et financés par les collectivités (communes, intercos, départements) et l’Etat, les 90 Cllaj sont la porte d’entrée pour les jeunes qui recherchent un logement, et constituent ainsi un lieu d’observation privilégié de la crise du logement qui frappe la jeunesse. Et comment ne pas parler de crise quand on dénombre 2,7 millions d’inscrits dans l’enseignement supérieur, mais seulement 335 000 logements dédiés, dont deux tiers à caractère social ? Selon le ministère du Logement, seuls 8 % des étudiants ont accès à une offre sociale dédiée. Quant aux jeunes actifs âgés de 18 à 27 ans, ils seraient environ 800 000, avec des solutions de logement éparses.
Administrativement, on essaie, à tort, de segmenter cette jeunesse aux visages multiples mais aux besoins similaires. En témoignent les deux plans – 60 000 logements étudiants et 20 000 logements jeunes actifs – lancés par Emmanuel Macron au début de son mandat, qui peinent à démontrer leurs résultats. « Il existe une porosité entre le statut étudiant et celui de jeune actif. Les apprentis post-bac sont des étudiants et des actifs. Par ailleurs, beaucoup d’étudiants travaillent pour subvenir à leurs besoins ou financer leurs études », rappelle Claude Garcera, président de l’Union nationale pour l’habitat des jeunes, qui loge environ 90 000 jeunes par an dans ses 40 000 logements en résidence Habitat jeune, la nouvelle génération des foyers jeunes travailleurs. « La question essentielle lorsqu’on parle des jeunes, c’est la mobilité », affirme-t-il.
Un bail court et de la colocation en HLM
En effet, les étudiants doivent quitter leur logement pour effectuer des stages à partir du printemps, les apprentis ont besoin d’avoir deux, voire trois logements, occupés à raison d’une semaine par mois. « La situation des jeunes n’est pas stabilisée. Il faut leur apporter des réponses rapides et évolutives », confirme Juliette Furet, responsable du pôle « politiques clientèles et sociales » à l’Union sociale pour l’habitat. C’est un défi pour le monde HLM, dans lequel les règles d’attribution de logements sociaux privilégient l’ancienneté de la demande, et où la plupart d’entre eux sont trop grands. Récemment, la loi « Elan » du 23 novembre 2018 est venue apporter un début de réponse dans son article 109, qui prévoit la réservation de logements locatifs sociaux aux moins de 30 ans, avec un bail de un an maximum renouvelable. Cependant, cette mesure ne concerne que les constructions neuves. Au ministère du Logement, on affirme qu’un décret viendrait, en 2021, pour étendre cette disposition au parc existant. La loi « Elan » a, par ailleurs, facilité la colocation dans les HLM, et institué le bail « mobilité » pour les jeunes actifs.
Côté élus, plusieurs leviers d’action
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Gazette des Communes