Agences d’urbanisme : un protocole État-Fnau (presque) signé

Tandis que le précédent protocole 2014-2020 déclinait sagement les préceptes de la ville durable, le nouveau en passe d’être signé pour six ans (2021-2026) élargit l’horizon des agences d’urbanisme et emprunte des chemins de traverse. Dévoilé le 2 décembre lors des dernières rencontres nationales de ces agences, cette feuille de route structurant le partenariat qui lie leur fédération (Fnau) avec l'État, vient d’être validée par les instances concernées dont la ministre chargée du logement, Emmanuelle Wargon, mais aussi en interministériel (Culture, Enseignement supérieur) et après discussion avec des agences nationales (Ademe, Anru). 

Un protocole, cinq priorités

Ce protocole État-Fnau 2021-2026 reprend le socle d’une "territorialité sobre, inclusive" et comporte cinq axes. Dans le champ de l'urbanisme, ces cinquante agences - la dernière née est en Polynésie française - se présentent comme les bras droits des collectivités. Le premier axe les conforte dans ce rôle de facilitatrices de la mise en œuvre, entre l’État et les collectivités, des documents de planification urbaine. Il leur revient d’initier dans ce domaine "des modes de faire novateurs". Intervenant lors des rencontres, Dominique Alba, directrice de l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur), estime ainsi que "nous arrivons à la fin de la planification normative, aujourd'hui moins opérante", et qu’il est temps de "planifier autrement", en étant plus inventifs et en s'appuyant sur "les usages des lieux", dont la crise sanitaire a mis en exergue la valeur, au détriment de leur fonction. 

Avec la feuille de route s'affirme par ailleurs un changement déjà amorcé en faveur de nouvelles manières de penser la prospective du territoire. Un exercice fut d’ailleurs conduit en amont des rencontres, en lien avec l’École urbaine de Lyon et l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), avec qui la Fnau a par ailleurs conclu un partenariat. "Nous continuerons d’explorer ces sujets émergents de politique territoriale de santé, de planification alimentaire, ainsi que les nouveaux modèles économiques du logement et du foncier", illustre Brigitte Barriol, déléguée générale de la Fnau. 

Les affinités avec l’ANCT visent aussi à mieux mailler le territoire pour offrir une ingénierie mutualisée et à continuer d’investir le champ de l'interterritorialité. "Le protocole nous pousse à sortir des frontières, à consolider un réseau de pairs et structures sœur et à plus de coopération transfrontalière et internationale", poursuit-elle. Sachant que la Fnau pilote déjà le Partenariat français pour la ville et les territoires (PFV), fort d’une dizaine de groupes et co-piloté par des membres du PFV. 

Une stratégie d’ouverture 

L'autre nécessité rendue évidente, c’est de faire évoluer la gouvernance et de prolonger cette posture d’ouverture : partenariat fin 2018 avec Action logement autour de trois axes de coopération ; organisation d’un datathon il y a un an avec Pôle emploi autour de services innovants, etc. "Nous travaillons avec une plus grande diversité d’acteurs, des énergéticiens, des universités, etc. La diversité d’horizon des experts associés et la pluralité des thématiques abordées nous ont permis de brosser un portrait des grandes villes françaises. Cet effort de mutualisation du travail d’observation va maintenant s’appliquer aux centralités des villes petites et moyennes", indique Brigitte Barriol. Enfin, l’échelon régional est prisé pour mettre en réseau des agences et avancer par équipe projet. Les Hauts-de-France et Grand Est procèdent ainsi avec leurs huit agences respectives. "Les modes de faire évoluent et ce travail en réseau répond au besoin de lisibilité, qui plus est dans le contexte actuel", conclut Brigitte Barriol.