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Cinq ans de l’Accord de Paris : le bilan des maires

Une cinquantaine de maires de villes françaises, européennes et internationales ont participé les 10 et 11 décembre au forum zéro carbone organisé par la ville de Paris. Des prix ont été remis à des villes exemplaires. Cinq ans après l'adoption de l'Accord de Paris à la COP21 et en amont d’un week-end chargé en sommet et conférence virtuels, l'heure est au bilan, plutôt mitigé tout en restant empreint d'optimisme.

Les 10 et 11 décembre, une centaine de décideurs de haut niveau ont soufflé à distance les bougies du cinquième anniversaire de l’Accord de Paris pour le climat, lors d’un événement organisé par la ville de Paris et le journal La Tribune. Il se tenait en amont du Climate Ambition Summit  prévu ce samedi 12 décembre, avec la participation d'Emmanuel Macron, et d’une conférence de bilan et réflexion  organisée le même jour avec la participation des ministres Barbara Pompili (Transition écologique) et Jean-Yves Le Drian (Europe et Affaires étrangères). 

Ce forum parisien a vu se succéder sur le plateau ou à distance une cinquantaine de maires et représentants de capitales et grandes villes européennes et internationales. Son format faisait écho au sommet "1 000 maires pour le climat" organisé il y a cinq ans en marge de la COP21. "Les élus locaux avaient massivement répondu présents, nous en conservons tous un vif souvenir", se rappelle Mark Watts, directeur exécutif du réseau mondial de villes C40. Pour François Rebsamen, maire de Dijon et président de Cités Unies France, outre célébrer un anniversaire, ce forum a été l’occasion de partager des retours d’expériences sur la mise en œuvre par les collectivités de leurs plans climat car "une fois qu’un cadre national est fixé, c’est bien grâce à ces échanges et au niveau local que des progrès sont réalisés".

 

Budget, plans et stratégies

Avec l'Accord de Paris, la communauté internationale s’était fixé des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, d’adaptation aux changements climatiques mais aussi d’alignement des flux financiers. En lien avec cet objectif moins connu, la ville de La Rochelle est revenue sur la mise en place inédite d’un marché du carbone local. "A Stockholm, notre budget carbone est calé sur les objectifs internationaux des Accords de Paris", compare Katarina Luhr, maire adjointe à l’environnement de la capitale suédoise. Le maire de Lisbonne Fernando Medina jette un regard dans le rétroviseur : "J’étais un jeune maire lors de la COP21, depuis nous avons pris les choses en main, créé un réseau cyclable qui fut utile durant le confinement et une stratégie solaire qui a nécessité un cadre juridique pour ne pas déparer avec trop de panneaux les monuments historiques". Quant à Mohamed Boudra, président du réseau Cités et gouvernements locaux unis (CGLU) et maire d’Al Hoceïma (Maroc, 100.000 habitants), il dresse un bilan plus critique : "Cinq ans après, le compte n’y est pas alors que le temps presse". Il redoute que le report de la COP26, prévue pour se tenir à Glasgow en novembre 2021 "conduise à une année de perdue". 

 

600 dossiers, 8 récompenses

Ce forum fut aussi l’occasion de remettre huit récompenses marquant l'engagement des villes dans la transition écologique. "Plus de 600 dossiers ont été passés au peigne fin par les étudiants de la chaire Entrepreneuriat Territoire Innovation de la Sorbonne", explique Carlos Moreno, qui dirige cette chaire. L’auteur du concept mondialement reconnu de la "ville du quart d'heure" a souligné la place prise dans ce palmarès par les villes moyennes, "qui sont pourvoyeuses d’une qualité de vie recherchée". Le prix consacré à l’économie circulaire a été décerné à Angers Loire Métropole pour son contrat d'objectifs déchets et économie circulaire (Codec) signé avec l’Ademe. "L’ancrage historique du siège de l’établissement dans la ville a joué sur nos efforts en faveur de l’environnement", observe son président et maire d’Angers Christophe Béchu. Dans la catégorie logement, la ville de Rouen s’est distinguée, tandis que le prix énergie revient à Nantes. 

Pour Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de France urbaine, association partenaire de l'événement, "la crise actuelle nous invite à accélérer l’innovation". L’élue a évoqué le projet Symbiose : "Au printemps prochain, une serre implantée sur le toit d’un immeuble couvrira les besoins des habitants en chauffage sanitaire. Sur ces sujets, les bailleurs sont force de proposition". La ville souhaite par ailleurs décrocher au printemps prochain le label Cit’ergie Gold. Quant au prix numérique, il revient à la ville de Toulouse : "La dynamique du secteur s’accélère et contribuera au fait que les villes ressortent moins mal en point de cette crise", observe son maire Jean-Luc Moudenc. Le prix mobilité revient à la métropole et ville de Dijon pour son projet d’écosystème hydrogène connecté au territoire : "Deux unités de production sortiront de terre en 2021, l’objectif étant d’alimenter à terme notre flotte de bennes et bus. Pour ces flottes, nous appelons les collectivités à nous rejoindre pour réaliser des achats groupés."
 

 

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