Maintien des terres agricoles, préservation de la biodiversité : en matière d’aménagement du territoire, la lutte contre l’artificialisation des sols s’affirme comme un enjeu essentiel. Elus comme agents approuvent d’ailleurs à… 98 %, d’après une étude conduite en septembre pour « La Gazette », « Le Moniteur » et le département de la Loire-Atlantique.
Dans un contexte de crise sanitaire, économique et sociale, ce concept d’artificialisation des sols vient en interroger un autre, intimement lié : la densité. Et particulièrement celui de « la densité urbaine et [des] enjeux de la ville de demain », sujet d’une nouvelle étude menée pour « La Gazette » et Bouygues Immobilier.
Interrogés sur les priorités de leur territoire pour les cinq années à venir, élus et agents mettent en exergue deux enjeux : les préoccupations environnementales (50 %) et le développement de la mobilité (38 %). Ceux-ci sont-ils en adéquation avec les formes urbaines – et donc l’emprise au sol – que les collectivités souhaitent privilégier, demain ? Voilà qui reste à confirmer.
Horizontale ou verticale ?
En effet, les répondants plaideraient plus volontiers pour une ville horizontale (30 %), caractérisée par une hauteur de bâtiments moins élevée, mais une imperméabilisation des sols plus importante. Seuls 16 % opteraient pour la verticalité, qui limite l’emprise au sol et permet de bénéficier de davantage de surface végétalisée. A noter que la moitié des répondants (58 % dans les communes rurales) ne tranchent pas cette question.
De manière générale, et sans surprise, la hauteur n’emporte pas l’adhésion des répondants, même si 31 % d’entre eux dans les villes de plus de 100 000 habitants concèdent qu’elle serait adaptée à leur territoire.
Alors que leur ville apparaît plus encline à s’étaler, élus et agents affirment pourtant privilégier des actions allant dans le sens d’une ville compacte, comme le déploiement du commerce de proximité (80 % des répondants) et le développement des mobilités douces (48 %), vélo et marche en tête.
Densité égale proximité
La densité reste une question de perception. Pour six répondants sur dix (57 %), elle correspond à « une ville avec beaucoup d’habitants » et 45 % l’associent à un nombre important de bâtiments.
Elle est toutefois considérée comme « un inconvénient » par la majorité des élus et agents (57 %), en lien avec la diminution de la qualité de vie pour deux répondants sur trois (65 %) et un manque d’espaces naturels (42 %).
Quant aux avantages de la densité, ils sont également liés à cette notion de ville des proximités : elle faciliterait la mixité et le développement des services (33 %), mais aussi le rapprochement des principales fonctions du territoire (33 %). Elle est en outre susceptible de répondre aux enjeux environnementaux, à savoir limiter l’imperméabilisation des sols (32 %) et favoriser le déploiement des mobilités douces (32 %).
Ce n’est pas tout : pour 48 % des répondants, la densité permet de servir les enjeux de développement durable de leur territoire. Une proportion qui grimpe à 66 % au sein des directions de l’urbanisme.
Dans ce contexte qui met en lumière un besoin de communication, de pédagogie et de sensibilisation des collectivités sur ces questions liées à la densité, 26 % des répondants précisent avoir mis en place un projet de reconfiguration de leur territoire ou projeter de le faire (22 %). Le plus souvent dans le but de gagner en attractivité (88 %) et de renforcer l’offre de logement (87 %).
Au passage, six collectivités sur dix expriment le besoin d’être accompagnées en ce sens, le plus souvent pour une expertise en urbanisme et/ou en développement durable.
La crise change les stratégies
Et ce, d’autant plus que la crise sanitaire vient percuter les projets de reconfiguration : un tiers (40 % dans les villes de plus de 100 000 habitants) des collectivités concernées envisageraient d’orienter leur stratégie vers davantage de circuits courts (85 %), de modes de transport doux (82 %) : pistes cyclables, espaces piétonniers… Du côté des projets, les espaces extérieurs sont plébiscités autour des bâtiments neufs (63 % des réponses), de même que l’attention portée à la qualité architecturale des bâtiments (55 %).
Enfin, toujours en lien avec la crise, 37 % des répondants s’attendent à une arrivée de nouvelles populations sur leur territoire, encore plus dans les communes rurales (50 %). Une raison supplémentaire de se pencher dès maintenant sur cette problématique de la densité.
La ville désirable
6,7 sur 10, c’est la note attribuée par les répondants à notre étude sur la qualité de vie des habitants de leur territoire. Celle-ci étant variable selon le type de collectivités : plus élevée dans les communes rurales (7,2/10) que dans les villes de plus de 100 000 habitants (6,2/10).
85 % des 901 élus et agents interrogés considèrent que la forme urbaine caractérisée par des bâtiments de grande hauteur, et donc par une faible emprise au sol, n’est pas « adaptée » à leur territoire. De même, 88 % estiment qu’elle n’est pas « acceptable » et 95 % pas « désirable » par les usagers.
Méthode
Etude réalisée en ligne pour « La Gazette » et Bouygues Immobilier, du 29 septembre au 23 octobre 2020, auprès 901 élus et agents de collectivités territoriales. Etude produite par Infopro Digital études (etudes@infopro-digital.com).
Thèmes abordés