Alors que, du côté du Grand Paris ou de certaines grandes régions, la réforme territoriale peine toujours à convaincre, l’Institut Montaigne relance le débat. Le think tank libéral a publié, le 12 janvier, son premier rapport sur la question. Le fruit d’un groupe de travail piloté par le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Gilles Carrez (LR), et le coprésident de l’Institut de la décentralisation et de la gouvernance territoriale, l’ancien député (PS) Jean-Pierre Balligand. En bonne place : des transferts en matière d’apprentissage et de formation au profit des régions.
Les régions ont-elles les moyens d’absorber la formation de 500 000 chômeurs en plus, comme le souhaite François Hollande ?
En aucun cas. Personne n’a les moyens de mettre en œuvre un tel plan à court terme. Personne n’a les opérateurs pour le faire. Ce secteur souffre en effet d’une grande division des tâches, mais aussi d’une absence de véritable pilotage stratégique. Notre système de formation, fondé sur le paritarisme, ne fonctionne pas. Les chômeurs en sont exclus. Aujourd’hui, la formation bénéficie, avant tout, à ceux qui sont diplômés, sans répondre précisément aux besoins locaux.
La France mobilise trois fois plus d’argent public que l’Allemagne en faveur de l’apprentissage pour un nombre d’apprentis trois fois moindre. Contrairement aux lycées agricoles qui dépendent du ministère de l’Agriculture, les lycées professionnels ne sont pas reliés au ministère dont relève leur activité. Ils restent rattachés à l’Education nationale, qui s’y intéresse peu.
Pourquoi souhaitez-vous que l’ensemble de l’activité des lycées professionnels soit transférée aux régions ?
Parce qu’elles ont déjà en charge les centres de formation d’apprentis et financent l’enseignement supérieur. Les régions sont en lien avec leur milieu économique. De plus, elles assurent les politiques de mobilité. C’est-à-dire qu’elles sont à même de permettre à un jeune de trouver une formation sur un tissu économique étiré. Le choix des régions est donc celui de la rationalité.
Mais, avec des budgets minuscules, les régions sont comme des corps sans tête, sans véritable moyen ni compétence. Sans accord avec l’Etat et les autres collectivités, leurs pouvoirs sont extraordinairement contraints. Les nouveaux présidents de région, qui ont pour la plupart des expériences ministérielles assez abouties, vont avoir des réveils difficiles.
La réforme territoriale sera-t-elle un thème de campagne en 2017 ?
La décentralisation fait partie de ces sujets pas « sexy » dont les politiques n’ont pas très envie de parler. Ils préfèrent « faire leur truc » dans leur coin. Au nom de la libre administration des collectivités, on en arrive à des situations aberrantes où l’absentéisme atteint parfois 8 à 12 % ! Beaucoup d’emplois ont vocation à être exercés par le secteur privé. La qualité du service rendu y gagnera. Je songe, en particulier, aux postes techniques d’exécution, de jardiniers ou dans les cantines. Des DRH de ville moyenne y sont d’ailleurs favorables.
Le marché des cadres de la FPT fondé sur la liste d’aptitude est, lui, dynamique. Il est de type contractuel. Ces cadres sont aussi bien formés que bien rémunérés. Je ne suis donc pas certain que l’on ait besoin de leur donner une garantie d’emploi à vie… Le statut de la fonction publique ne répond plus aux évolutions nécessaires.
Références