"On veut maîtriser la nature" : verdir la ville, une tâche difficile pour ses habitants

par Caroline QUEVRAIN Caroline Quevrain
Publié le 13 mars 2020 à 8h54
"On veut maîtriser la nature" : verdir la ville, une tâche difficile pour ses habitants
Source : PATRICK KOVARIK / AFP

CITADINS - Partenaire du Prix Entreprises pour l’environnement (EpE), LCI vous éclaire pendant un mois autour de la thématique "Vivons la nature en ville" et plus généralement de l’environnement. Depuis quelques années, des initiatives sont prises pour introduire plus de nature en ville. Sauf que certaines d’entre elles ne participent pas forcément à restaurer la biodiversité perdue, et cela à cause de la méconnaissance des citadins sur le sujet.

En vous baladant dans les rues de votre ville, vous avez peut-être remarqué la présence nouvelle de ruches dans des parcs ou perchées sur les hauteurs des toits d’immeubles. Inviter les abeilles dans l’espace urbain, voilà la nouvelle idée en vogue en France. À Paris, les projets se sont multipliés sur proposition d’associations, d’entreprises ou bien de simples citoyens. 

L'objectif : remettre de la nature dans un environnement bien trop minéralisé. Une initiative louable, mais qui serait en réalité contre-productive. "C’est une tromperie de dire que l’on protège la biodiversité en mettant des abeilles domestiques sur les toits des immeubles. En introduisant un animal domestique qui va entrer en compétition avec la faune sauvage, on introduit un élément de biodiversité qui est complètement artificiel", éclaire Benoit Fontaine, biologiste au Museum National d’Histoire Naturelle.

Ces actions participent pourtant d'un élan global, consistant à vouloir une meilleure qualité de vie urbaine, à mieux y respirer, à verdir chaque coin de rue. La progression du vote pour les partis écologistes en est une illustration. "Notre relation à la nature est très ambiguë : à la fois on en veut plus parce que l’on s’aperçoit que vivre dans des villes n’est plus possible, on recherche la proximité de la nature. Et à la fois on a des espèces qui nous embêtent et dont on veut s’éloigner", constate Maxime Paquin, chargé de mission biodiversité à France Nature Environnement.

"On veut maîtriser la nature"

Ramener davantage de biodiversité en ville, pourquoi pas ? Mais encore faut-il la connaitre et l’appréhender à sa juste valeur. Or, comme le constate Benoit Fontaine, "les citoyens en général, et les citadins en particulier, qui constituent une grande partie de la population, ont une vie très déconnectée de la nature. Et cela s’amplifie de génération en génération". Et l'approche citadine de la faune sauvage, trop peu développée, en deviendrait donc trop simpliste. 

"On veut mettre du vert dans la ville sauf que l’on n’a pas une approche d’écologue, vraiment scientifique", abonde Maxime Paquin, prenant pour exemple ces "gazons bien tondus tous les quinze jours". Preuve qu'en ville, "on veut maîtriser la nature, on est dans une logique paysagiste". A des années-lumières d'une logique de reconquête de la nature sur le bitume. La nature en ville, ce n’est pas ça du tout. Ce n'est pas parce que vous avez planté trois arbres le long d’une rue que vous avez sauvé la biodiversité."

Planter des arbres, installer des refuges à insectes ou bien des ruches sur les toits des bâtiments sans en connaitre la complexité de l’espèce, ni les enjeux de la biodiversité... autant de petits gestes qui ne sont, au reste, pas d'une grande utilité. "C’est très bien mais c’est une goutte d’eau par rapport à ce qu’il faudrait faire", assure Benoit Fontaine. 

Une éducation à la nature indispensable

La partie n'est pas facile. Apprendre à connaitre la nature, quand on a passé sa vie loin d’elle, n'a rien d'une sinécure. Une première approche de découverte de la faune sauvage est donc indispensable, selon Maxime Paquin : "Il faut se rapprocher de structures qui font de la pédagogie, de l’éducation à la nature pour se la réapproprier".  De fait, des associations s’organisent pour sensibiliser les habitants des villes aux espèces sauvages existantes par le biais de randonnées, notamment. Pour Benoit Fontaine, la solution passe avant tout par l’Homme : "Je suis intimement persuadé que la conservation de la nature a une dimension humaine très importante. La façon dont les gens perçoivent la nature est la clef pour la protéger".

Comme chaque année depuis 15 ans, Entreprises pour l’Environnement (EpE), LCI (anciennement Metronews) et les sponsors du Prix lancent leur appel à projets pour le Prix Jeunes pour l’Environnement doté de plus de 10 000€. Cette année, les jeunes de 15 à 30 ans sont invités à formuler des idées concrètes et inédites en répondant à la problématique suivante : "La nature et la ville seront au cœur de l’actualité en 2020, une année décisive pour le climat et la biodiversité. Comment les villes de demain assureront-elles bien-être et santé à tous les citadins ? De nombreux défis restent à relever afin de transformer nos conditions de vie en ville : limiter l’étalement urbain, lutte contre le changement climatique, réduction de la pollution, gestion des déchets, accès à une alimentation saine, constructions durables…" Soyez ambitieux, créatifs et persuasifs ! Dépôt des dossiers jusqu’au 23 mars 2020.

Pour plus de précisions, rendez-vous sur le site dédié ou la page Facebook.


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