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Les agences de développement économique au service de la réindustrialisation

Le Cner (fédération des agences d'attractivité, de développement et d'innovation) vient de publier un recueil de bonnes pratiques destinées à développer les territoires industriels et leurs entreprises. Des dispositifs innovants, originaux et parfois aussi très simples menés par les agences localement.

Depuis fin 2017, l'industrie ne détruit plus d'emplois. Pour certains métiers, elle fait même face à une pénurie de main-d'œuvre. Ainsi, les effectifs salariés dans ce secteur, après avoir diminué de manière ininterrompue ou presque entre 2001 et 2017, sont repartis à la hausse en 2018, avec 12.000 emplois supplémentaires. Les besoins en main d'œuvre sont importants : 50.000 emplois seraient à pourvoir. Pour pallier ces manques, l'agence régionale de développement des territoires d'Auvergne (ARDTA) a créé le "New DEAL live industry". DEAL pour "Des emplois avec logement". Lancé en 2012, le programme doit permettre de répondre aux besoins de recrutement des entreprises du territoire et d'attirer de nouveaux talents. Sa cinquième édition, organisée en 2016, était centrée sur les métiers de l'industrie. Le New DEAL permet aux personnes non auvergnates, ou aux Auvergnats qui travaillent à plus de 50 kilomètres de leur domicile, candidats aux offres d'emploi de certains métiers en tension (une centaine d'offres d'emploi étaient accessibles sur ce territoire, tous niveaux confondus), de bénéficier d'un remboursement par la région de leurs trois premiers mois de loyer, à hauteur de 500 euros par mois pendant trois mois. Une durée qui correspond à leur période d'essai. L'agence, en partenariat avec l'agence régionale de développement économique (Arde) de l'ancienne région Auvergne, proposait aussi aux TPE et PME industrielles des aides à l'implantation, au renforcement numérique, à l'exportation ou encore à l'intelligence économique. Grâce au dispositif, entre 2012 et 2018, 450 emplois ont été pourvus, conduisant à l'installation de 1.200 habitants sur le territoire (avec les familles). D'après un sondage réalisé en 2017 pour les cinq premières éditions, 27% des bénéficiaires venaient d'Île-de-France, 21% de l'ancienne région Rhône-Alpes, 14% d'Occitanie. Et l'impact est durable : 88% sont toujours installés en Auvergne au moment du sondage.

Des actions "originales et innovantes", "parfois très simples"

Cette action est l'une des nombreuses bonnes pratiques mises en avant dans le recueil publié le 18 novembre 2019 par le Cner (fédération des agences d'attractivité, de développement et d'innovation), pour développer les territoires industriels et leurs entreprises. Le document recense ainsi les actions existantes, "originales et innovantes" et "parfois très simples", comme le Cner les qualifie, pour éviter de réinventer la roue. Le dénominateur commun de ces pratiques est en effet le pragmatisme, mais aussi la collaboration avec les autres services et acteurs présents sur le territoire, comme le réseau des chambres de commerce et d'industrie, les acteurs privés, associatifs, etc. L'accompagnement dans la durée et la proximité sont aussi des invariants, couplés à une connaissance approfondie du tissu des entreprises locales, de leurs besoins et des enjeux de leur secteur d'activité.

Au-delà du recrutement, les actions visent le renforcement de l'attractivité des territoires, comme le programme d'accompagnement à la réindustrialisation des sites, mené par le Comité d'expansion économique du Val-d'Oise (Ceevo) depuis la fin des années 2000. Le comité tâche à travers cette action de mettre en place des opérations de prospection ciblée pour identifier des repreneurs, permettant la réindustrialisation de plusieurs sites à Gonesse (avec l'installation d'EADS Seca), Franconville (installation de Sterigene), Nucourt (plusieurs PMI sur un site unique) ou Persan. En matière d'innovation, on peut citer le dispositif "Parcours Industrie 4.0" mené par l'agence de développement économique de la région Sud (risingSUD). Expérimenté en 2017, il a permis d'accompagner une vingtaine de PME vers l'industrie du futur, de la sensibilisation jusqu'au soutien aux investissements à réaliser. L'objectif est d'accompagner 500 PME d'ici 2022.

Enfin, sur le thème de la simplification, l'exemple de l'Alsace, en matière de commande publique, est donné : un dispositif d'appui aux entreprises sur les marchés publics nationaux a été mis en place par l'Agence d'attractivité de l'Alsace (AAA) depuis 2012. Fonctionnant comme un guichet unique, il accompagne les entreprises au plus près : informations sur les marchés publics, formation, accompagnement, et accès au financement, grâce aux outils de Bpifrance. Sur la période 2012-2016, 3.413 entreprises ont été informées et 732 accompagnées plus spécifiquement. 208 dirigeants ou salariés ont été formés sur des thèmes comme le mémoire technique, le montage de dossiers ou la dématérialisation. Le tout contribuant à la signature de 335 contrats pour un montant de 130 millions d'euros pour des PME et TPE.