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Congrès des maires - Développement des territoires : "Le retour du local, on y est"

"C’est la première fois depuis 40 ans qu’on a une vraie politique en direction de la ruralité", s'est félicitée la ministre de la Cohésion des territoires, le 20 novembre, lors du Congrès des maires, détaillant l'ensemble des dispositifs déployés pour les territoires ruraux. À commencer par l'Agenda rural.

Il est loin le temps où la journée du Congrès des maires consacrée à la ruralité ressemblait au "bureau des plaintes" des communes en déprise. Comme si le Grand Débat qui a suivi la crise des gilets jaunes avait assommé les esprits retors et qu’il fallait désormais porter le discours du renouveau, celui de l'Agenda rural. "Penser printemps" en plein mois de novembre. La matinée consacrée aux "enjeux et conditions du développement des territoires ruraux", lors du 102e Congrès des maires, ce mercredi 20 novembre, avait ce côté un peu aseptisé...

Devant un auditoire déjà clairsemé à l’heure du déjeuner, Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires, a pu dérouler son discours en toute quiétude. Ou presque : un élu lui a demandé de ne pas fermer les perceptions. Ce à quoi elle a répondu : "Le monde a un tout petit peu changé", reconnaissant toutefois que les maires pouvaient "avoir besoin de leur trésorerie pour travailler sur leur budget" et que "25% des gens se situent en dehors d’une utilisation pratique d’internet". "L’exode rural c’est terminé. Les campagnes accueillent 100.000 habitants en plus chaque année. Le phénomène est inversé", a-t-elle aussi souligné.

460 maisons France Services

Alors que l’acte II du quinquennat doit être celui de l’aménagement du territoire, la ministre est revenue dans le détail sur les différents dispositifs égrainés par le président de la République la veille : le plan Petites Villes de demain annoncé par le Premier ministre, Édouard Philippe, le 19 septembre à Uzès, le plan pour la ruralité présenté par le même, le lendemain, à Eppe-Sauvage (Nord), sur la base des 200 propositions de la mission Agenda rural, la labellisation des 460 maisons France Services, la mise en place de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) dont le décret est paru le 19 novembre… "C’est la première fois depuis 40 ans qu’on a une vraie politique en direction de la ruralité", a déclaré la ministre. S’agissant du plan ruralité, c’est "quelque chose de vivant", a-t-elle expliqué : le gouvernement avait déclaré avoir retenu 173 des 200 mesures de la mission Agenda rural ; le comité de suivi qui s’est réuni vendredi dernier a décidé d’en rajouter 8 autres, soit 181, dont certaines n’étaient pas prévues à l’origine, notamment en matière de sécurité, un sujet qui a largement occupé ce congrès, quelques mois après la mort du maire de Signes (Var) Jean-Mathieu Michel. "Nous devons développer cette politique."

Jacqueline Gourault s’est aussi fait l’interprète de la "volonté du président de la République", alors qu’un peu plus tôt, le président de l’Assemblée des départements de France, Dominique Bussereau, déclarait n’avoir "pas tout compris" dans le discours du chef de l'État. "Après des années à penser que la région et la régionalisation, c’était la solution à tout, et qu’on était dans l’idée ‘big is beautiful’, le président de la République et le Premier ministre s’attachent à ce que l’échelon départemental soit à nouveau renforcé pour la présence des services de l’État, a développé la ministre. Il faut remettre des services dans les territoires, il faut un accompagnement en ingénierie dans les territoires au niveau départemental." "Chaque préfet de département sera le délégué de l’ANCT, a-t-elle pris pour exemple, chaque maire a un outil à son service. Si dans le département il y a une agence départementale qui assume très bien l’environnement d’assistance technique, etc. (…) on ne va pas aller lui faire concurrence." "À partir du 1er janvier, toutes les agences régionales de santé auront un représentant par département", a-t-elle aussi indiqué.

"Vous avez un retard d'avance"

Pour lancer cette matinée, l’AMF avait eu recours à un fantassin de cette ruralité combative : Jean-Yves Pineau, directeur de la société coopérative de développement local Les Localos, pour qui "le local revient en force". "Le roi est nu. On se retrouve avec une civilisation sans projet. Et une société sans projet (…) Vous avez un retard d’avance", a-t-il lancé aux élus ruraux.

"Le retour du local, on y est. La population française s’installe plus en milieu rural qu’en ville", a abondé Cécile Gallien, maire de Vorey (Haute-Loire), membre de la mission Agenda rural. Autre membre de la mission Agenda rural, le maire de Saint-Flour (Cantal), Pierre Jarlier, n’en dit pas moins :  "Il n’y a pas de fatalité dans la ruralité aujourd’hui. Il y a au contraire de nouveaux facteurs d’attractivité indiscutables. Il faut qu’on sorte de la culture du handicap pour entrer dans la culture de projet." Mais si le local a le vent en poupe, les élus soulignent le besoin d'ingénierie. "Tout projet commence par de l'ingénierie pour réfléchir au projet", a commenté le directeur général de la Caisse des Dépôts, Éric Lombard. "Nous avons beaucoup appris d'Action coeur de ville (le programme de revitalisation de 222 villes moyennes), cela va nous permettre (...) de mettre une panoplie d'outils à destination des élus des communes rurales", a-t-il ajouté au moment du lancement du nouveau programme national de revitalisation des petites centralités ("Petites Villes de demain"). La Banque des Territoires y consacrera 200 millions d'euros pour financer jusqu'à 100% des projets d'ingénierie et jusqu'à 25% du recrutement des animateurs des projets.