Énergie : Emmanuel Macron veut accélérer en même temps les renouvelables et le nucléaire

Lors de l'inauguration du premier parc d'éoliennes en mer français, au large de Saint-Nazaire ce 22 septembre, le président de la République a déclaré que la France devait aller "deux fois plus vite" sur la mise en service de projets d'énergie renouvelable. Face aux besoins en électricité du pays qui vont augmenter "de 40% d'ici 2050", il a souligné qu'il fallait accélérer en même temps sur le nucléaire.

"Nous allons massivement accroître nos besoins en électricité", de "40% d'ici 2050", et la France aura besoin d'aller "deux fois plus vite" sur les projets d'énergies renouvelables" (ENR) tout en accélérant sur le nucléaire, a déclaré Emmanuel Macron lors de l'inauguration du premier parc d'éoliennes en mer français, au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). En Europe, "nos voisins sont allés beaucoup plus vite, en particulier dans le nord ou dans le sud et tout ce qui est le bord de la mer Baltique avec une stratégie très forte aujourd'hui en matière d'énergies renouvelables", a-t-il relevé pour justifier l'accélération de ces énergies en France. "On peut aller beaucoup plus vite si on simplifie les choses, donc on sera dans la même logique sur le nucléaire", a-t-il dit.  "Le tout ENR ne marche pas, le tout nucléaire ne marche pas", a justifié le chef de l'Etat. "Et ce qu'on est en train de vivre aujourd'hui avec la guerre en Ukraine, ce que vivent encore plus certains voisins comme les Allemands, c'est que la clé en matière d'énergie, c'est la diversification du modèle", a-t-il souligné, rappelant les orientations de la stratégie énergétique qu'il avait présentée à Belfort en février dernier et qui "marie souveraineté, décarbonation et coût abordable".

"Territorialiser les énergies renouvelables"

Emmanuel Macron a confirmé l'objectif d'installer une "cinquantaine de parcs éoliens en mer", pour un total de 40 GW à l'horizon 2050. Mais d'autres sources d'énergies seront nécessaires, en particulier l'éolien terrestre. "Sur terre, on a ralenti le développement mais on devra en faire pour atteindre nos objectifs. Il faudra concerter et ouvrir le jeu car les projets sont actuellement concentrés sur quelques territoires", a convenu le président. Pour tous les projets d'ENR, l'accélération passe par une réduction du temps d'instruction des dossiers qui doivent rester "compatibles" avec la préservation de la biodiversité et la prise en compte des procédures contentieuses de recours. Cela se fera d'abord grâce à la "planification nationale", à travers la future stratégie nationale bas carbone et la programmation pluriannuelle de l'énergie, et déclinée "par filière et par géographie" pour "territorialiser les énergies renouvelables avec les élus".

Les procédures devront être plus rapides aussi sur le nucléaire, a dit le président, qui a annoncé en février dernier la commande de six réacteurs de nouvelle génération (EPR et SMR). "J'ai annoncé la première tranche en 2035 pour le nucléaire. Ce que je souhaite c'est qu'on aille beaucoup plus vite", a-t-il dit alors qu'un audit publié en février évoquait l'horizon 2037 pour les premières mises en service.

Il a aussi promis un meilleur "partage de la valeur" pour les projets renouvelables avec les collectivités et les riverains, ce qui concernera en premier lieu les éoliennes en mer, souvent contestées. "Dans le nucléaire, il y a un vrai retour pour les communes, ce qui a aidé à l'acceptabilité, on doit en faire de même pour les projets d'énergie renouvelables", a dit Emmanuel Macron.

"Libération du foncier pour le solaire"

Parmi les pistes de développement du solaire, le chef de l'État a évoqué "la libération du foncier" pour installer plus de panneaux sur les friches, en particulier. Le projet de loi d'accélération des énergies renouvelables qui sera présenté en conseil des ministres le 26 septembre puis examiné fin octobre au Sénat et fin novembre à l’Assemblée nationale portera notamment un volet de "libération du foncier", a précisé Emmanuel Macron.

"Dans les prochains mois et les prochaines années, nous installerons plus de panneaux solaires en identifiant tous les espaces qui s'y prêtent, en ville, au bord des routes", a déclaré le président, en citant aussi "les grands parkings" où l'installation de panneaux "permet de générer des revenus complémentaires".

Évoquant la "décarbonation des autoroutes", il a estimé que "les bords d'autoroute" et les "bords de voies ferrées" pourraient aussi accueillir des panneaux solaires. "Ça permet de protéger la beauté des paysages, tout en développant du renouvelable", a-t-il relevé.

Je veux aussi qu'on puisse avancer sur l'agrovoltaïsme" - l'installation de panneaux solaires sur des terres agricoles - qui représente un "potentiel très important de complément de revenus" pour les agriculteurs, a-t-il poursuivi. Le président a toutefois insisté sur la nécessité de prévoir des "garde-fous" pour éviter qu'une production d'électricité "ne se substitue pas" aux champs, aux prairies et aux troupeaux, c'est à dire à la production alimentaire.

"On sait que c'est faisable et il faut aller beaucoup plus vite", a-t-il dit. A cet effet, le gouvernement "doit présenter un amendement au projet de loi avant son passage au Sénat" pour tirer les conclusions des "concertations" récentes menées avec le Conseil de l'agriculture française et les jeunes agriculteurs, a indiqué le président.

L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) a identifié au total 843 friches industrielles et urbaines susceptibles d'accueillir des installations photovoltaïques, indique une circulaire récente, que l'AFP a pu consulter. Celle-ci a été envoyée par le gouvernement aux préfets pour organiser les délestages en cas de pénurie de gaz et d'électricité cet hiver et accélérer le développement des projets d'énergie renouvelable.

  • Accélération des énergies renouvelables : "la loi ne doit pas se faire contre les maires", prévient l'AMF

Dans un communiqué diffusé ce 22 septembre, l'Association des maires des France (AMF) regrette "l'absence de concertation" sur le projet de loi d'accélération des énergies renouvelables, alors que "les maires et présidents d’intercommunalité, sont les premiers concernés par l’implantation de dispositifs de production d’énergies renouvelables". Lors de son entretien du 5 août dernier avec la Première ministre, le Président de l’AMF, David Lisnard, avait demandé que ce texte soit élaboré en concertation avec les élus locaux. Or le texte finalisé a été envoyé le 9 août à l'AMF sans que l'Association ait son mot à dire. "Cette absence de concertation est d’autant plus préjudiciable pour les maires et présidents d’intercommunalité que le texte comporte des dispositions qui portent une atteinte grave aux pouvoirs d’urbanisme des maires, souligne l'AMF. L’article 5 permet en effet à l’Etat d’imposer que le PADD soit rendu compatible avec des projets qu’il aurait autorisés, alors même que ces projets porteraient atteinte à son économie générale." Une disposition jugée "inacceptable". "Aucune dérogation au projet du territoire ne doit être autorisée sans l’accord des collectivités concernées", pointe l'AMF. "Par ailleurs, ce projet de loi n’a pas été articulé avec le dispositif du 'Zéro artificialisation nette', et des conflits d’usage importants des terrains sont à craindre", pronostique-t-elle. Les mêmes terrains ne pourront remplir tous les objectifs. "Au-delà du défaut d’articulation des textes, la planification écologique elle-même, opérée par le ZAN ou les mécanismes d’accélération des énergies renouvelables, limite la maîtrise du foncier par les maires et présidents d’intercommunalité, souligne l'AMF qui estime que "les maires doivent pouvoir décider des énergies renouvelables qu’il convient de développer sur leur commune et de leur emplacement." L'Association juge aussi "contre-productif de limiter la concertation avec les élus et avec les habitants pour accélérer les projets. L’urgence ne saurait donc servir de prétexte à un recul en matière de participation du public." Enfin, pour l'AMF, "le texte fait apparaître les maires comme les principaux obstacles au développement des énergies renouvelables, ce qui ne correspond pas à la réalité, comme en attestent les nombreux projets locaux en faveur des énergies renouvelables."

 

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