La voiture reste le mode de transport privilégié des Français selon la dernière enquête de l’Insee. Celle-ci dévoile des enseignements intéressants, à contre-courant de certains préjugés qui voudraient par exemple que la voiture soit l’apanage des plus modestes ou que le vélo soit réservé aux bobos. Alors que les prix à la pompe continuent de flamber, l’occasion est idéale pour inciter à un changement profond de notre mobilité.

La voiture, toujours n°1. Selon la dernière enquête de l’Insee sur les déplacements des Français, publiée tous les dix ans, la voiture est toujours le mode de déplacement privilégié dans l’Hexagone. Elle représente 63 % des trajets quotidiens, très loin devant la marche (24 %), les transports en commun (9 %) et le vélo (3 %). Si son utilisation a légèrement baissé en dix ans, le nombre de kilomètres parcourus en voiture a quant à lui augmenté de 9 % entre 2008 et 2019. Or, dans une logique de transition écologique, nous allons devoir nous passer de ce mode de transport, très polluant, y compris quand il s’agit d’une voiture électrique.
Sans surprise, ce sont ceux qui vivent en zone rurale, où l’offre de transports en commun est limitée et les déplacements en vélo ou à pied pas toujours sécurisés, qui utilisent le plus la voiture. Ainsi, à la campagne, quatre trajets sur cinq se font en voiture contre un sur trois dans l’agglomération parisienne. Mais contrairement à une idée reçue qui voudrait que l’automobile soit l’apanage des ménages les plus modestes – renforcée par la crise des Gilets Jaunes – l’étude de l’Insee montre que ce sont en fait les plus riches qui se déplacent principalement en voiture. Un taux qui peut atteindre 70 % parmi les populations les plus aisées contre 39 % parmi les plus modestes.
Infog comment se deplacent les francais

41 % des trajets du quotidien font moins de cinq kilomètres


Autre idée reçue, sur le vélo, qui serait réservé aux bobos et aux urbains. L’étude de l’Insee montre en effet que ce mode de transport est surtout pratiqué par les cadres et les professions intellectuelles supérieures (5 % de leurs déplacements). Mais lorsqu’on prend en compte les revenus, il est difficile d’établir un lien. Ainsi, ce sont les 1er et 5e déciles (le 1er décile correspond aux 10 % les plus pauvres) qui se déplacent le plus en vélo. En outre, la part du vélo n’évolue pas beaucoup en fonction de la taille de la ville, et c’est notamment à Paris qu’elle est la plus faible.
Les données de l’Insee s’arrêtent cependant en 2019, juste avant la pandémie de Covid-19 qui a vu l’essor des coronapistes, ces pistes cyclables temporaires créées en vue de décongestionner les transports publics. Dans la capitale, 50 kilomètres de pistes cyclables supplémentaires ont ainsi été pérennisées et 7 % des déplacements se feraient désormais à vélo, contre 2 % avant. Quand on sait que 41 % des trajets du quotidien font moins de cinq kilomètres, le vélo apparaît dès lors comme la solution idéale pour se substituer à la voiture.
Outre l’argument environnemental, l’argument économique pèse de plus en plus en faveur d’un changement vers des mobilités plus propres. Les prix à la pompe ne cessent de grimper. Le gazole, carburant le plus utilisé en France, a pour la première fois franchi le seuil de 1,60 euro le litre la semaine passée, dépassant le pic des prix qui avait eu lieu en octobre 2018, juste avant le début du mouvement des Gilets jaunes. C’est sans doute le bon moment pour accompagner les ménages les plus touchés vers des véhicules moins émetteurs.
Concepcion Alvarez @conce1

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes